FERIOJ ( journal culturel )

Publicité et féminisme ?

Dimanche 29 juin 2014 à 11:31

J'ai horreur des pubs, parce que ce sont des pubs, parce que l'objectif reste de nous polluer le cerveau pour nous vendre des trucs dont on n'a pas besoin, les marques entretiennent le sexisme, la culture du viol et tout un tas de clichés nauséabonds... (cf la récente odieuse car misogyne campagne anti-poils de V)

Alors quand quelques marques font des efforts pour proposer des publicités un peu plus originales et qui jouent sur d'autres ressorts... même si ça reste des pubs, je me dis que c'est quand même positif et je ne crache pas complètement dessus.

=> Un article de Charlotte Pudlowski sur slate qui dit la même chose que moi mais en mieux et plus développé à lire ici 

et donc l'idée est de regarder ce spot "Comme une fille", qui pose la question suivante : pourquoi dire qu'on fait quelque chose "comme une fille" lui donne une connotation négative ? 

 

Vidéo très bien faite qui pourrait être simplement une vidéo d'information contre le sexisme s'l n'y avait pas le petit passage évoquant la marque à la fin..... (d'ailleurs plutôt que d'utiliser des serviettes hygiéniques, si vous ne connaissez pas encore le système je vous conseille une fois de plus de découvrir les coupes menstruelles ! cf easycup.fr, site d'information en français sur les cups / ces articles sur madmoizelle : présentation de la coupe / vidéo "pourquoi passer à la coupe menstruelle" ?)


Une autre pub, moins "explicitement féministe" mais qui a le mérite de parler de règles différemment !
(aussi trouvée sur slate : Vous ne verrez pas de meilleure pub sur les tampons)
Une vidéo très réussie qui peut être vraiment considérée comme un petit court-métrage humoristique de moins de 2 minutes 30, une ado qui n'a pas encore ses règles fait croire à sa mère qu'elle les a et celle-ci, pas dupe, lui organise une "First Moon Party"... c'est bien imaginé, vraiment drôle, la jeune actrice joue très bien. 



Et une dernière pour la route, trouvée sur terrafemina : Une publicité dénonce la manière insidieuse dont on décourage les filles d'étudier les sciences  


Real Humans

Jeudi 19 juin 2014 à 23:03

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Série suédoise de science-fiction (non terminée) réalisée par Lars Lundström, diffusée sur arte (la diffusion de la saison 2 vient de s'achever). 2 saisons - 10 épisodes de 58 minutes pour chaque saison. 

Synopsis : (merci site d'Arte) Dans un monde proche du nôtre, les hubots (human robots) ressemblent à s’y méprendre aux êtres humains qu’ils remplacent dans les tâches domestiques. Une cohabitation qui engendre des relations complexes et des émotions contrastées, entre amour et haine, alors que certains humanoïdes rêvent d’émancipation.

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Mon avis : J'ai été vraiment très très fan de la première saison. On découvrait cet univers, on se demandait jusqu'où allait "l'humanité" de ces robots pas comme les autres, les "hubots", on apprenait à découvrir les personnages, et l'intrigue qui développe trois histoires parallèles et qui se rejoignent est très prenante : 
1) un groupe de robots plus indépendants que les autres cherche à survivre dans un monde où leur indépendance les rend illégaux, on les suit dans leur fuite et on a peur qu'ils se fassent prendre 
2) leur pote Léo (un humain... mais est-il un humain comme les autres ?) est amoureux d'une hubote "libre", Mimi, et la recherche parce qu'elle a été enlevée 
3) nous, spectateurs, suivons aussi en même temps la nouvelle vie de Mimi, son intégration dans une famille "normale" plutôt sympathique - personnellement j'adore le personnage d'Inger, la femme avocate qui va prendre le parti des hubots tout en cherchant toujours à être rationnelle
(et il y a encore bien d'autres personnages secondaires qui au fil de la série vont prendre de plus en plus d'importance en apportant leurs histoires à eux.... !)
 
Je ne me considère pas spécialement comme fan de science-fiction mais cette série développe précisément ce qui m'intéresse dans le genre, quand ça pose vraiment des questions sur nos liens à la technologie, sur ce que le progrès technologique peut apporter à l'humanité, sur notre capacité à gérer ce progrès, sur la définition même de l'humanité... On pense beaucoup à Blade Runner. Et quand on comprend à quel point toute cette histoire de robots-humanoïdes-plus-que-de-simples-machines soulève une foule de problèmes éthiques c'est là que ça devient vraiment vertigineux. Plus on s'attache aux personnages des hubots, plus on comprend leur complexité, plus il devient difficile de prendre parti, parce que la situation n'est pas manichéenne : ce ne sont pas les méchants humains d'un côté et les gentils hubots de l'autre, non, il y a des bons et des méchants dans les deux camps, divers personnages servent leurs intérêts, qui s'opposent, et c'est bien compréhensible et défendable dans diverses situations, et certains jouent double jeu, ou changent d'avis... On peut aussi énormément transposer tous ces problèmes de relations entre humains et hubots dans notre société, cela fait complètement écho aux problèmes de racisme / exploitation / discriminations envers les minorités de manière générale... tout l'aspect psychologique, politique et philosophique autour des hubots est vraiment très bien exploité, c'est le gros point fort de cette série à mes yeux. Réflexion sur l'esclavage, l'égalité, la liberté, la responsabilité, la dignité humaine... c'est vraiment très riche. 
 
J'ai cependant été plutôt déçue par la deuxième saison. Certains des problèmes posés dans la première saison ont été résolus et les nouvelles problématiques mises en place m'ont moins intéressée pour certaines, certains personnages que j'aimais bien ne sont plus là et les nouveaux m'ont paru moins charismatiques. Des personnages qui étaient secondaires dans la première saison deviennent beaucoup plus importants mais j'étais moins attachée à eux et comme je ne me souvenais plus forcément de qui ils étaient, je me suis retrouvée à plusieurs reprises assez perdue. A un moment donné j'ai eu vraiment l'impression qu'il y avait trop de personnages, il a fallu par moments que je demande aux potes avec qui j'ai visionné toute cette série de me rafraîchir la mémoire (mais bon ça, c'est peut-être simplement mon cerveau qui fatigue)... et globalement j'ai l'impression qu'on découvre moins de trucs, que ça avance moins, qu'on perd pas mal de temps à s'intéresser à des "guéguerres" intra-clans. On apprend certes pas mal de trucs sur l'origine des hubots les plus "particuliers" mais au final je me rends compte que ce n'était pas ça qui m'intéressait le plus, la quête principale qui fait l'objet de la deuxième saison ne m'a pas autant accrochée que celle de la première saison. 
 
Ce second constat n'enlève rien à mon émerveillement concernant la première saison qui mérite amplement d'être vue et je ne saurais suffisamment louer ! Et je pense bien que je regarderai la troisième aussi - cela sera seulement avec un peu moins d'empressement qu'à la fin de la première. Quoi qu'il en soit, Real Humans est une très bonne série que je vous conseille donc de regarder (en version originale sous-titrée bien sûr, essayer d'apprendre des mots en suédois est aussi un des intérêts de la série héhé - par exemple "tak" veut dire "merci", vous êtes ravi de le savoir). 

(ah, et si vous avez vu Morse - j'adore ce film ! - vous serez content-e de retrouver dans cette série Kåre Hedebrant, l'acteur qui incarnait le jeune héros, Oskar)

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Présentation un peu plus développée de la saison 1 :
(pas d'énormes spoilers, ça donne simplement un peu plus d'informations concrètes sur la situation initiale)
Assistance aux personnes âgées, aide aux devoirs, tâches domestiques : ces employés modèles sont serviables et corvéables à merci. Mais leur étrange présence engendre des émotions contrastées parmi les humains.
Plébiscités par certains, ils suscitent une hostilité croissante chez d’autres, d’autant que la frontière entre êtres vivants et machines s’estompe, a fortiori quand l’amour s’en mêle.
De leur côté, les hubots manifestent de plus en plus une volonté d’indépendance. Leur rébellion a déjà commencé : Leo et Niska ont pris la tête d’un groupe d’affranchis, appelé «les enfants de David». Quand Mimi, l’une d’entre eux, est enlevée par des trafiquants, Leo, amoureux d’elle, part à sa recherche. 
Pendant ce temps, l’acquisition d’un premier hubot bouleverse la vie de la famille Engman, tandis que le grand-père doit renoncer au sien, défaillant, pour un nouveau modèle dédié à la gériatrie. 
Voisin des Engman, Roger, un contremaître, assiste impuissant au remplacement des ouvriers de son atelier par des légions d’humanoïdes, et bientôt, sa femme le quitte pour leur hubot. Dans cette société en mutation, la tension monte.

 
Petite présentation de la saison 1 qui donne envie sans trop spoiler (3 minutes, suédois sous-titres anglais)
 


Bande-annonce saison 1 (en VF)

Mes chansons du moment

Mercredi 18 juin 2014 à 7:43

 
 
Avant d'être reprise par les fachos, l'expression "On ne lâche rien" symbolisait justement tout le contraire.
"Veilleurs" d'Orléans et d'ailleurs : si vous saviez à quel point je vous conchie. Je vous invite à boire mes règles et à vous empoisonner avec. Quand je vous croise, une petite envie de meurtre me chatouille. Je ne développe pas parce qu'inciter à la haine sur internet c'est pas bien etc. Mais je vous maudis très fort. Enfin bon, vous avez perdu de toute façon, tas de lamentables petites crottes. 



 
Brigitte Fontaine pour moi avant, c'était une vieille chanteuse ringarde et morte. Pardon Brigitte, c'était parce que je ne te connaissais pas. "Je suis vieille et je vous encule, avec mon look de libellule". Je crois que tout est dit.



Oui je sais qu'à l'origine c'est un morceau qu'on entend dans Chat Noir Chat Blanc. C'est méchant et laid et joli et j'aime bien.

Comme les amours, de Javier Marias

Mercredi 18 juin 2014 à 6:54

http://31.media.tumblr.com/2cfd5ba7d7f6b2af0098b8f9e264b2d5/tumblr_n7cl7wEwOj1snoeqho1_250.jpgComme les amours, de Javier Marias. Roman espagnol, Gallimard, 2013.

Tous les matins avant d'aller au travail, une femme observe dans un café un couple qui lui semble très uni et heureux, les voir est son petit rayon de soleil de la journée. Mais un jour, elle ne les voit plus, puis apprend que l'homme a été assassiné... elle va alors chercher à lier connaissance avec la femme, pour essayer de comprendre... et se retrouve prise dans une sorte d'engrenage un peu effrayant, le roman glisse presque vers le policier.

A noter que le style est très particulier, l'héroïne, qui est narratrice du roman, ne cesse de se mettre à la place des personnes qui l'entourent en imaginant leurs pensées, de manière si développée et directe qu'on peut se prendre au jeu au point d'oublier quasiment que c'est simplement ce qu'elle s'imagine... jusqu'à ce que l'intrigue se déroule et qu'on ait ensuite les réactions des autres, qui ne sont pas forcément telles qu'elles les avaient imaginées.

Cela donne un style plein de circonvolutions, on peut avoir l'impression de sans arrêt tourner autour du pot, que l'auteur nous fait tourner en bourrique, cela peut agacer et j'ai eu des retours d'autres lectrices qui m'ont dit avoir trouvé ce procédé un peu lourd à la longue. Cela n'a pas été mon cas car la personnalité de l'héroïne m'a été sympathique, en me rappelant un peu ma propre façon de me "prendre la tête" tout le temps. 

Extrait : 
« Il est un autre inconvénient à pâtir d'un malheur : pour qui l'éprouve, ses effets durent beaucoup plus que ne dure la patience des êtres disposés à l'écouter et à l'accompagner, l'inconditionnalité qui se teinte de monotonie ne résiste guère.Et ainsi, tôt ou tard, la personne triste reste seule alors qu'elle n'a pas encore terminé son deuil ou qu'on ne la laisse plus parler de ce qui est encore son seul monde, parce que ce monde d'angoisse finit par être insupportable et qu'il fait fuir.Elle s'aperçoit que pour autrui n'importe quel malheur a sa date de péremption sociale, que personne n'est fait pour contempler la peine, que ce spectacle n'est tolérable que durant un bref laps de temps, tandis qu'il porte en lui déchirement et commotion et une certaine possibilité d'agir en protagonistes pour ceux qui regardent et assistent, et qui se sentent indispensables, sauveurs, utiles. Mais en constatant que rien ne change et que la personne affectée n'avance ni n'émerge, ils se sentent superflus et dévalorisés, en sont presque offensés et s'en éloignent. »
(lu en février ou mars)
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