FERIOJ ( journal culturel )

(possible que les articles "vrac" deviennent une habitude !)

♦ Tout d'abord, mon petit conseil musical du jour : le dernier album de Claire Diterzi, le Salon des Refusées, que je me plais à réécouter (en ligne ici). Je l'ai vue en concert il y a deux mois et j'apprécie vraiment cette chanteuse, elle mêle superbement chanson française / rock / chanson lyrique (un domaine que je ne connais que très très peu... mais disons que ça se sent dans sa façon de chanter, et elle a une voix épatante !), son cocktail d'espièglerie, de fraîcheur et et de virtuosité technique m'est très sympathique... en plus elle fait de jolis clips ! :D



(si vous aimez, je vous conseille aussi son album Tableau de chasse, particulièrement le clip éponyme, et la chanson l'Odalisque - qui commence au bout d'une minute)

Et maintenant, un petit quart d'heure "revue de presse" avec divers liens que je vous recommande !

https://31.media.tumblr.com/6488f06acf253afd46bbdddddf823142/tumblr_n1mhmavcyH1snoeqho1_500.png 
Dites-le en langue des signes ! 

Soutenez la création d'un jeu pour apprendre les bases de la langue des signes (le jeu mêle un jeu de cartes et une application mobile - si on n'a pas de smartphone, on pourra jouer quand même en allant sur un site pour voir des vidéos) !!

Pour que ce jeu puisse exister, aux internautes de participer en investissant grâce au site de crowdfunding kisskissbankbank, l'objectif est de 8000 euros, on peut donner à partir d'1 euro, et à partir de 25 euros on reçoit le jeu... si vous ne pouvez pas donner, vous pouvez au moins parler de ce projet autour de vous ! ;)

En savoir plus et participer 



https://31.media.tumblr.com/6dc519ae6e178e83e1bc7c2c84879832/tumblr_n1mho91EDC1snoeqho1_500.pngPétition pour un nouveau statut juridique de l'animal (lancée par la fondation 30 millions d'amis)

Parce que pour le Code Civil, les animaux sont toujours considérés comme des "biens meubles", et alors que changer ce statut faisait partie des promesses de François Hollande, il est revenu sur ce projet lors d'une interview qu'il a faite la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, le 21 février.
Cliquez ici pour signer la pétition (plus de 590 000 signatures à l'heure où j'écris cet article, on espère en rassembler 1 million)

Et pour compléter, un tumblr de protestation : jenesuispasunbienmeuble !


http://24.media.tumblr.com/2ee2ee239c703940f2ba395bae935037/tumblr_n1migzkRqp1snoeqho1_1280.jpgRéaction de Virginie Despentes à la "polémique Tomboy" : à lire ici.
Un article qui fait du bien car il dénonce avec justesse le mauvais esprit de Civitas : "Ce que Civitas vient dire c’est : on ne peut pas regarder avec douceur ceux que nous devons regarder comme des monstres." 
(pour ceux qui seraient passés à côté de cette polémique à la noix : l'association catho intégriste Civitas a appelé à la censure du film Tomboy, diffusé sur Arte la semaine dernière. Evidemment cela n'a pas été le cas, et un peu comme avec Tous à poil, c'est l'effet inverse qui s'est produit. )

(par ailleurs j'avais vu le film au cinéma, et pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore je vous le conseille vraiment ! c'est l'histoire d'une petite fille qui se fait passer pour un garçon après un déménagement et des conséquences que cela va avoir)


Le discours de coming-out d'Ellen Page (l'actrice de Juno) : l'article de madmoizelle qui en parle ici ! Il date du 14 février. A voir parce que c'est mignon et touchant, et au-delà d'un discours de coming-out "personnel" Ellen Page défend plus largement la cause LGBT - c'est une vidéo en anglais de 8 minutes mais vous avez la transcription traduite si vous n'êtes pas anglophones ou avez la flemme de regarder la vidéo. 

http://24.media.tumblr.com/944a011b2eb4d6013faa94b330c71a02/tumblr_n10wln152X1qdqllqo1_500.gif
Aujourd'hui j'ai appris :

http://25.media.tumblr.com/6b602e92e0f407b7f9f49860ae9d2c90/tumblr_n1khd6O3iY1snoeqho1_250.jpg - le mot omineuxLourd de présages funestes ; de mauvais augure. (+)
(dans ma lecture en cours, Comme les amours de Javier Marias)

http://31.media.tumblr.com/331f36a8d4a91272ad03727569e9d08b/tumblr_n1kgg3UyFr1snoeqho1_250.jpg- l'existence de l'auteur Héléna Marienské. (sa page wikipedia). Je pense que son dernier roman pourrait me plaire : "Fantaisie-sarabande est un roman, publié en 2014 aux éditions Flammarion. Refusant de vivre "au sein d'une famille de nazillons misérable et malodorante dans les friches de la Lorraine" l'héroïne poursuit ses études à Paris, où elle se prostitue. Là, elle rencontre l’amour sous les traits d'une meurtrière en fuite...Une comédie réjouissante mêlant fantaisie policière, romance et pornographie débridée."

- que la ville de Hyères s'orthographe ainsi et qu'elle est située en Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans le Var (+)

http://31.media.tumblr.com/b520f0651196d311d21f9f4256bcb08d/tumblr_n1kgt27rXb1snoeqho1_250.jpgLe conseil livresque du jour, un album anti-stéréotypes sexistes :  

Péronnille la chevalière, de Marie Darieussecq (texte) et Nelly Blumenthal (illustrations), Albin Michel Jeunesse, 2009, 11 euros (le réserver ou commander dans la librairie la plus proche de chez vous) 

Le conte traditionnel est inversé, Péronille la chevalière doit remporter trois épreuves pour épouser un prince charmant... la chute aussi remet en question la fin attendue ! Amusant, bien pensé et au graphisme énergique, gros contours et très coloré.



Tous à poil ;)

Vendredi 21 février 2014 à 22:48

J'ai pas le temps et pas vraiment Internet ces dernières semaines (j'écris cet article avec mon téléphone), mais je reviens bientôt avec de vrais articles, promis ! En attendant, merci M. Copé de m'avoir fait découvrir et d'avoir fait s'envoler les ventes -même si c'esy bien malgré vous, c'esy ça qui est le plus drôle - de ce très bon album pour enfants tout à fait body positive :)

http://www.ferioj.fr/images/photos/IMG20140220215041.jpg

Lulu femme nue

Mardi 7 janvier 2014 à 22:25

http://www.ferioj.fr/images/bd/lulufemmenue.jpg  http://25.media.tumblr.com/5b89c113e00f2db93c5707658ba235b0/tumblr_mz1vin6ZCD1snoeqho1_400.jpg

Qui n'a jamais pensé "pfff j'en ai marre de ma vie, j'ai envie de tout plaquer ?". Lulu l'a fait. 

Lulu femme nue
: une bande dessinée en deux tomes d'Etienne Davodeau, Futuropolis, 2009-2010 (environ 150 pages au total), illustrations en couleur. Le premier livre fait partie des "Essentiels d'Angoulême" 2009. Une édition intégrale sort le 9 janvier. 

Quatrième de couverture : Lulu, mère de famille de quarante ans, sans histoire, a disparu depuis plus de deux semaines, abandonnant mari et enfants à ses amis désemparés. L'un d'eux, Xavier, a retrouvé sa trace. En une nuit, il entreprend de raconter aux autres ce qu'a vécu Lulu pendant cet étrange voyage : Lulu a quitté sa vie normale en sortant d'un énième entretien d'embauche.Elle n'avait rien prémédité. Ça s'est passé très simplement. Elle est partie avec une femme dont elle ne connaissait rien, et s'est octroyé quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que de savourer pleinement, et sans culpabilité, cette vacance inédite.Presque surprise par sa propre audace, Lulu rencontre de drôles de gens, qui sont, d'une façon ou d'une autre, eux aussi au bord du monde.Grisante, joyeuse, dangereuse et cruelle, l'expérience improvisée de Lulu en fera une autre femme.

Une belle réussite ! On part d'un réalisme un peu ennuyeux/tristounet (la vie de Lulu avant son escapade, en gros, une vie terne à laquelle pas mal de monde peut s'identifier, je pense) et grâce à cette petite étincelle de vie qui remet tout en question, on est entraîné vers... on ne sait pas trop quoi, justement. Quand le récit commence, on sait que l'aventure est finie, ou presque, puisqu'elle est racontée par un ami de Lulu - qui passera ensuite le relais à la fille aînée de Lulu, qui elle aussi en sait plus que le reste de son entourage qui est très inquiet et surpris de la "disparition" volontaire et fort étrange de l'héroïne. Il y a donc un certain suspense, et à un moment donné, on est même un peu baladé vers une fausse piste.... ou alors c'est moi qui avais mal compris mais dans ce cas tant mieux, cela a rendu la lecture plus prenante encore de penser QUE... et en fait non (mais je ne vais pas développer pour ne pas spoiler, cela serait dommage).

Les dessins ne sont pas extrêmement jolis, même si les décors - les plages notamment - sont très agréables. Je devrais dire les choses autrement : par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir, les personnages ne sont pas très jolis. Et en fait c'est une qualité, une bonne chose de ne pas avoir cherché à rendre "glamour" des personnages ou une histoire qui ne le sont pas ! Cela rend le tout plus crédible et universel je trouve. Certaines péripéties tombent un peu "à plat" d'ailleurs, l'intrigue peut prendre parfois une tournure très alléchante et par amour de l'action on espère qu'on va continuer dans cette direction romanesque... et en fait pas forcément, parce que dans la vie les choses ne se passent pas comme prévu ni comme on veut. 

Confier la narration à des personnages externes - même s'ils sont proches de l'héroïne - est intéressant car cela donne du rythme et, comme je l'ai dit, un certain suspense, comme le récit se fait progressivement. Je regrette un petit peu qu'on ne partage pas plus les pensées de Lulu, du coup, une fois la bande dessinée terminée je me demande encore ce qu'elle a ressenti plus précisément à tel ou tel moment, et surtout, comment les choses vont se poursuivre ensuite... ces quelques réserves m'empêchent de considérer cette BD comme un gros coup de coeur, mais ça a été vraiment une très bonne lecture, et qui, je pense, peut plaire à un large public, je vous la recommande donc ! 

Je pense que j'irai voir l'adaptation cinématographique qui sort le 22 janvier, avec Karin Viard dans le rôle principal, parce que je suis curieuse de voir une autre version de Lulu femme nue, et aussi parce que j'ai beaucoup aimé les deux autres films réalisés par Solveig Anspach que j'ai eus l'occasion de voir, Back Soon (mon avis ici) et Queen of Montreuil

Le blog tenu par Etienne Davodeau pendant la réalisation de la BD
Le blog du film

Petite Poucette, Michel Serres

Samedi 4 janvier 2014 à 22:29

 Un court essai philosophique qui défend de manière béate et peu documentée la révolution numérique et ses conséquences sur nos sociétés. C'est bien gentil mais je n'ai pas du tout aimé !

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Quatrième de couverture : 
Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer.
Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s'accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises.
De l'essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise «Petite Poucette» - clin d'oeil à la maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces. Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître... Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d'une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique...

Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre générations pour mettre en oeuvre cette utopie, seule réalité possible.

A l'origine de ce livre, un discours prononcé à l'Académie française en 2011, qui a été très largement diffusé, tout d'abord par la publication d'un extrait le lendemain dans «Le Monde», repris par un article dans «Le Figaro» puis d'un grand mouvement sur Internet...

Professeur à Stanford University, membre de l'Académie française, Michel Serres est l'auteur de nombreux essais philosophiques et d'histoire des sciences, dont les derniers. Temps des crises et Musique ont été largement salués par la presse. Il est l'un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture.

Mon avis : ok, LE MONDE A CHANGE. Il serait fou de le nier. Nos manières de penser, de communiquer, d'apprendre, d'appréhender les connaissances, d'agir, de travailler,... ont été révolutionnées par les nouvelles technologies, au sens large du terme (pas uniquement les téléphones portables). Mais Michel Serres semble partir du postulat (même si ça n'est jamais vraiment explicite) que la posture dominante (= celle des adultes qui critiquent leurs enfants et ados, en fait) consiste à vouloir rejeter ces révolutions. Et il se place donc en réaction contre ces réticences, propose d'être plus ouvert, dit qu'on devrait tirer profit de tous ces changements... hmm.  C'est bien joli mais je n'ai pas trouvé cet essai "innovant" au final, ni subtil, et je pense même que le regard de Michel Serres sur la génération Y est très naïf ! A force d'admirer tout ce que ces progrès peuvent impliquer dans notre relation au monde et aux autres, il s'envole tout seul vers une utopie peu crédible (mais peut-être qu'une utopie manque par définition de crédibilité ?). Comme si l'être humain avait assez de bonté et de jugeote en lui pour savoir faire un bon usage de tous ces nouveaux outils... mon oeil. 

C'est frappant par exemple vers la fin quand il fait l'éloge - il ne fait que ça d'ailleurs, son discours se structure en une suite d'"éloges"... - des modes d'appartenance et de rencontres virtuelles qui font selon lui peu à peu disparaître les groupes et institutions traditionnels tels que l'armée, les églises, la famille etc. Et son raisonnement, si je le schématise, revient à dire "vive les relations virtuelles ! en étant moins incarnées, elles sont moins violentes !". Comme si la virtualité gommait les précédents problèmes et n'en soulevait pas d'autres !? Il reste toujours très vague, il fait allusion aux "réseaux sociaux" par exemple mais très rapidement et sans citer facebook, ni twitter, sans aucun exemple concret derrière... à force d'être abstrait il nous perd, on a l'impression qu'il finit par pérorer sans savoir réellement de quoi il parle. Pas une fois il ne fait référence par exemple aux problèmes paradoxaux (et pourtant logiques, si on y réfléchit deux minutes) de solitude et d'individualisme liées à facebook et compagnie... et que penser quand il surrestime à mort le contenu des blogs et de manière générale la qualité des données qu'on peut glaner sur le net, n'hésitant pas à nous sortir un risible et grossier "combien d'oncologues avouent avoir plus appris sur les blogs des femmes atteintes d'un cancer du sein que dans leurs années de faculté ?". Euh, pas beaucoup j'espère, sinon je plains les femmes atteintes de cancer du sein, si leurs médecins comptent sur leurs blogs de patientes pour apprendre à les soigner... ! et le livre regorge de trucs aberrants comme ça. 

Je n'ai pas non plus trouvé l'écriture adaptée au propos. Il y a clairement un gros effort de style, mais là encore je trouve qu'il en fait beaucoup trop  : au lieu d'être clair et de donner des exemples, il se laisse aller et abuse de tournures pompeuses, soutenues voire désuètes (la répétition de l'expression "jadis et naguère" m'a vite agacée !). J'ai surtout senti derrière ce ton une tentative de séduire un lectorat érudit / snob / d'un certain âge, une sorte de double de l'auteur - que l'auteur juge utile d'éclairer grâce à cet ouvrage de sa sainte lumière pro-modernité (je caricature à peine !). Et le choix d'un tel style donne également lieu à des raccourcis / comparaisons outrées qui se veulent sûrement poétiques mais n'ont en réalité pas grand sens, comme ce parallèle qui est fait entre la tour Babel et la tour Eiffel, mais franchement quel intérêt ?!

Ou encore cette délicieuse phrase, page 62 :
"Un pays comme la France devint vite une ville que le TGV parcourt comme un métro, que les autoroutes traversent comme des rues". Pour sortir de telles âneries, je suppose que Monsieur Serres n'a pas dû beaucoup sortir de Paris pour essayer de voyager à travers la province en utilisant les transports en commun, sinon il se serait probablement aperçu que cela n'est pas aussi facile que ça !! Cet exemple qui n'est qu'un minuscule détail illustre l'état d'esprit qui semble être celui de l'auteur, et qui m'a de plus en plus énervée au fil des pages : on dirait un doux rêveur, peu en prise avec la réalité. Mais peut-être suis-je trop jeune pour m'émerveiller de tous ces progrès qu'il évoque de loin (je ne sais pas comment c'était "avant" hum), et trop vieille pour m'identifier complètement à cette "Petite Poucette", citoyenne digital native qui va dominer le monde à l'aide de ses petits doigts tapotant un écran tactile...

Me fait penser aussi à cette phrase qui m'a fait bondir (promis après j'arrête de descendre ce bouquin) : "Ledit renversement touche aussi bien les sexes, puisque ces dernières décennies virent la victoire des femmes, plus travailleuses et sérieuses à l'école, à l'hôpital, dans l'entreprise... que les mâles dominants, arrogants et faiblards. Voilà pourquoi ce livre titre : Petite Poucette." Ainsi donc, le "féminisme" selon Michel Serres consiste à renforcer le mythe des "filles naturellement meilleures à l'école" (il semble s'en réjouir sans se demander d'où vient le problème ! - et j'ose espérer que son expression "mâles dominants" se veut ironique... mais je trouve ça peu clair !) et de parler de "victoire" des femmes, comme si le sexisme n'existait plus en France... HUM ! Plus j'y repense, plus ce livre me semble prétentieux et vain, en fait. A vouloir faire court et grand public, il s'enlise dans des bons sentiments manichéens, et tombe carrément à côté de la plaque. 
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