Après l'amour, d'Agnès Vannouvong
Mercure de France, 2014, 208 pages.
Après A comme aujourd'hui et Déloger l'animal, deux gros coups de coeur, pouf, dégringolade ! Quelle déception ! Et pourtant, je voulais l'aimer ce livre, la preuve je l'avais même acheté (alors que l'immense majorité de mes lectures sont des emprunts - je suis trop tentée tout le temps au travail - donc j'achète relativement rarement de nouvelles parutions).
Une histoire d'amour lesbienne qui finit mal dès le début, le thème annoncé du roman est donc comment se remettre d'une rupture, comment tourner la page, j'espérais donc quelque chose d'un minimum original, puis ce que j'ai lu de l'auteur m'avait donné envie aussi, une femme qui travaille sur les études de genre, yeah.
Mais ce livre pourtant court aussi m'a semblé long, répétitif, creux, agaçant : en gros, l'héroïne désespérée de la perte de son amour va essayer d'avancer en couchant à droite et à gauche. Une méthode comme une autre, c'est pas le problème. Le problème, c'est qu'on tourne très vite en rond : ses amantes sont toujours le même genre de personnes dans le même genre de milieu : des personnes qui se veulent plus ou moins "alternatives" mais évoluent en réalité dans un milieu plutôt parisien-bobo-aisé. Tous les personnages semblent super-narcissiques, ils ne nouent jamais de réelles relations parce qu'ils sont déjà trop occupés à s'admirer eux-mêmes, et quand ils nouent une relation vraiment importante, ce n'est que sur le mode de la souffrance, du manque et de la dépendance à l'autre qui n'en a plus rien à foutre.
J'ai bien conscience que c'est super-dur ce que je dis là, je juge la psychologie des personnages au lieu de me pencher sur l'aspect tout bonnement littéraire du roman, ce qui n'est pas de très bon goût ni très compatissant sachant qu'on peut se douter que l'auteur a probablement mis pas mal d'elle-même et de sa propre vie dans ce roman... mais c'est vraiment ce qui transparaît et le souci, c'est qu'il me semble que ça manque de distance, y'a aucun regard réflexif sur les personnages et ce qu'ils vivent : si on adhère aux personnages, à leur style de vie, si on traverse un désespoir similaire, on peut peut-être apprécier ce roman en restant vraiment au premier degré. Mais personnellement tout ça m'a au contraire exaspérée au possible, eu l'impression tout le long que les personnages se la racontaient, se prenaient très au sérieux, avec un côté "émo" mais vraiment pas dans le bon sens du terme.
Les scènes de sexe sont bien trop nombreuses alors qu'elles sont toujours les mêmes, toujours racontées de la même façon, avec une touche d'"héroïsme" frimeur du genre la fille est méga-fière d'être un bon coup et de réussir à faire jouir sa partenaire, le sexe semble toujours simple et triomphant dans ce bouquin, et passées les premières scènes ça devient complètement gratuit et lassant. Je ne me souviens plus du tout de la fin mais globalement je crois bien qu'on n'avance pas beaucoup... puis, autre petit détail qui au début n'avait pas beaucoup d'importance mais qui m'a progressivement saoulée : les allusions très fréquentes à ce qu'elles mangent (au petit-déjeuner par exemple). Cela se comprend au début, et puis étant moi-même amatrice de foodporn j'ai rien contre le fait de parler de nourriture, c'est un ancrage dans la réalité, une image du plaisir sensoriel... sauf que là ça m'a vite gavée pour deux raisons, la première c'est que j'ai eu l'impression qu'il s'agissait une fois sur deux de dire "regarder comme on mange des trucs rares / chers / originaux" (bobo power), la deuxième, c'est qu'en général leurs trucs n'étaient pas végéta*iens. Et désolée, mais l'évocation de cadavres ou produits qui ont entraîner la mort d'animaux ne me fait plus saliver du tout, au bout d'un moment ce genre d'évocations, brèves mais récurrentes, m'a carrément répugnée et je redoutais l'arrivée de la prochaine. Pour toutes ces raisons, ce roman qui s'annonçait pourtant très bien m'a ennuyée et je l'ai même trouvé plutôt indigeste !
Quatrième de couverture :
"Héloïse m’appelle « ma belle surprise ». Elle a ses petits trucs, les balades à moto, un parfum addictif, des pièges à filles. Les cloches de l’église Saint-Eustache ponctuent toutes les heures nos étreintes. J’aime caresser la peau, son dos, ses bras durs, le sexe doux sous la langue, les soupirs, les sourires entre les baisers, les rires. Je l’adore et honore son sexe. Un souffle, une parole, un geste provoquent le rapprochement des corps. J’aime notre intimité. Je veux essayer toutes les positions, tous les rythmes. Après les orgasmes, elle se serre très fort contre moi, je suis perdue. M’abandonner serait une aventure, alors je glisse, indéterminée, ouverte à tous les possibles."
Mercure de France, 2014, 208 pages.
Après A comme aujourd'hui et Déloger l'animal, deux gros coups de coeur, pouf, dégringolade ! Quelle déception ! Et pourtant, je voulais l'aimer ce livre, la preuve je l'avais même acheté (alors que l'immense majorité de mes lectures sont des emprunts - je suis trop tentée tout le temps au travail - donc j'achète relativement rarement de nouvelles parutions).
Une histoire d'amour lesbienne qui finit mal dès le début, le thème annoncé du roman est donc comment se remettre d'une rupture, comment tourner la page, j'espérais donc quelque chose d'un minimum original, puis ce que j'ai lu de l'auteur m'avait donné envie aussi, une femme qui travaille sur les études de genre, yeah.
Mais ce livre pourtant court aussi m'a semblé long, répétitif, creux, agaçant : en gros, l'héroïne désespérée de la perte de son amour va essayer d'avancer en couchant à droite et à gauche. Une méthode comme une autre, c'est pas le problème. Le problème, c'est qu'on tourne très vite en rond : ses amantes sont toujours le même genre de personnes dans le même genre de milieu : des personnes qui se veulent plus ou moins "alternatives" mais évoluent en réalité dans un milieu plutôt parisien-bobo-aisé. Tous les personnages semblent super-narcissiques, ils ne nouent jamais de réelles relations parce qu'ils sont déjà trop occupés à s'admirer eux-mêmes, et quand ils nouent une relation vraiment importante, ce n'est que sur le mode de la souffrance, du manque et de la dépendance à l'autre qui n'en a plus rien à foutre.
J'ai bien conscience que c'est super-dur ce que je dis là, je juge la psychologie des personnages au lieu de me pencher sur l'aspect tout bonnement littéraire du roman, ce qui n'est pas de très bon goût ni très compatissant sachant qu'on peut se douter que l'auteur a probablement mis pas mal d'elle-même et de sa propre vie dans ce roman... mais c'est vraiment ce qui transparaît et le souci, c'est qu'il me semble que ça manque de distance, y'a aucun regard réflexif sur les personnages et ce qu'ils vivent : si on adhère aux personnages, à leur style de vie, si on traverse un désespoir similaire, on peut peut-être apprécier ce roman en restant vraiment au premier degré. Mais personnellement tout ça m'a au contraire exaspérée au possible, eu l'impression tout le long que les personnages se la racontaient, se prenaient très au sérieux, avec un côté "émo" mais vraiment pas dans le bon sens du terme.
Les scènes de sexe sont bien trop nombreuses alors qu'elles sont toujours les mêmes, toujours racontées de la même façon, avec une touche d'"héroïsme" frimeur du genre la fille est méga-fière d'être un bon coup et de réussir à faire jouir sa partenaire, le sexe semble toujours simple et triomphant dans ce bouquin, et passées les premières scènes ça devient complètement gratuit et lassant. Je ne me souviens plus du tout de la fin mais globalement je crois bien qu'on n'avance pas beaucoup... puis, autre petit détail qui au début n'avait pas beaucoup d'importance mais qui m'a progressivement saoulée : les allusions très fréquentes à ce qu'elles mangent (au petit-déjeuner par exemple). Cela se comprend au début, et puis étant moi-même amatrice de foodporn j'ai rien contre le fait de parler de nourriture, c'est un ancrage dans la réalité, une image du plaisir sensoriel... sauf que là ça m'a vite gavée pour deux raisons, la première c'est que j'ai eu l'impression qu'il s'agissait une fois sur deux de dire "regarder comme on mange des trucs rares / chers / originaux" (bobo power), la deuxième, c'est qu'en général leurs trucs n'étaient pas végéta*iens. Et désolée, mais l'évocation de cadavres ou produits qui ont entraîner la mort d'animaux ne me fait plus saliver du tout, au bout d'un moment ce genre d'évocations, brèves mais récurrentes, m'a carrément répugnée et je redoutais l'arrivée de la prochaine. Pour toutes ces raisons, ce roman qui s'annonçait pourtant très bien m'a ennuyée et je l'ai même trouvé plutôt indigeste !
Quatrième de couverture :
"Héloïse m’appelle « ma belle surprise ». Elle a ses petits trucs, les balades à moto, un parfum addictif, des pièges à filles. Les cloches de l’église Saint-Eustache ponctuent toutes les heures nos étreintes. J’aime caresser la peau, son dos, ses bras durs, le sexe doux sous la langue, les soupirs, les sourires entre les baisers, les rires. Je l’adore et honore son sexe. Un souffle, une parole, un geste provoquent le rapprochement des corps. J’aime notre intimité. Je veux essayer toutes les positions, tous les rythmes. Après les orgasmes, elle se serre très fort contre moi, je suis perdue. M’abandonner serait une aventure, alors je glisse, indéterminée, ouverte à tous les possibles."
Lorsque la narratrice se sépare de sa compagne Paola avec qui elle vivait depuis dix ans, sa vie bascule. Collectionnant les amantes, elle part à la recherche effrénée du plaisir et de la jouissance : de Paris à New York, de Rome à Berlin. Pourtant après l’amour, le manque est inéluctable. Dans cette ronde de la séduction, toutes ces Edwige, Garance, Éva, Delphine et autres conquêtes furtives prolongent l’absence de Paola… La rencontre avec Héloïse amorcerait-elle un tournant ?
Mêlant brillamment romantisme et crudité, douceur et violence, Après l’amour est un roman sensuel et sexuel qui explore la fulgurance du désir féminin.
Agnès Vannouvong enseigne les gender studies à l’université de Genève. Après l’amour est son premier roman.