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Elles : film de Malgorzata Szumowska, 2012.
Vu sa moyenne SC (4,6/10), je m'attendais à pire. Pas si catastrophique que ça donc, mais à la limite j'ai l'impression que le téléfilm
Mes chères études (qui ne casse pas 3 pattes à un canard mais se laisse regarder) allait plus loin. J'ai été contente de retrouver Anaïs Desmoustiers, et puis j'aime Juliette Binoche mais son personnage de journaliste qui pose des questions à la con avec le sourire et est une bourge frustrée dans la vraie vie, bof, pourquoi nous avoir imposé de si loooongues scènes de sa vie domestique ?! au début on se dit que c'est intéressant de voir aussi cet aspect, mais trop c'est trop. Et puis ça ne va nulle part.
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Escort : film documentaire de Hélène de Crécy, 2011.
Beaucoup plus complet et authentique qu'
Elles en terme d'informations sur la prostitution estudiantine, on a vraiment le ressenti 'brut" et en direct - alors qu'on n'a aucune scène de sexe évidemment, mais on assiste à des conversation téléphoniques avec leurs clients par exemple - de 2 escorts sur leur travail. Les visages sont masqués par l'ajout d'un point coloré. Et puis pas l'impression d'assister à une interview artificielle, on les regarde parler entre elles, et le point de vue d'une amie d'une escort qui ne comprend pas du tout comment elle peut faire ça fait contrepoids et transforme ce qui pourrait n'être que du bavardage (tout en étant un sacré témoignage quand même) en débat.
L'inconvénient en quelque sorte c'est qu'on n'a pas vraiment de recul, et on assiste à des discours qui m'ont parfois fait bondir, ça devient plus de la télé-réalité qu'autre chose à un moment donné, et ça donne envie de faire avance rapide. Mais globalement, j'ai trouvé ce documentaire très intéressant, même s'il est difficile de savoir s'il est représentatif ou non de ce que les escorts pensent de leur travail, on n'a là qu'un petit échantillon des réactions possibles.
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Au-delà des collines : SORTIE CINE AUX CARMES, film de Cristian Mungiu, 2012.
Un film de 2h30 qui se passe dans un couvent dans la campagne roumaine, autant dire que je craignais un petit peu de m'ennuyer même si en général les films contemplatifs ne me gênent pas, et puis j'avais été frappée par 4 mois, 2 semaines, 2 jours du même réalisateur (avec la sublime Anamaria Marinca) alors je ne m'en faisais pas trop. C'est donc assez lent mais je ne me suis pas ennuyée, je suis assez rapidement rentrée dans ce quotidien austère rythmé en réalité plus par les tâches domestiques (on a plus l'impression d'être dans une ferme que dans un couvent) que par les prières - même si elles prient aussi beaucoup, la religion et surtout le rapport des personnages à la religion reste au coeur du film. Plus largement, cette histoire amène à réfléchir sur le rapport entre le bien et le mal, la valeur de relations humaines, comment gérer sa vie quand on est seul, une vie en communauté fondée sur la religion est-elle une bouée vraiment secourable si celle-ci nie toutes les autres relations ?
Le décalage entre la nonne Voichita et Alina qui voudrait qu'elle laisse tout tomber pour repartir avec elle est de plus en plus terrible, et dans la dernière partie du film ça prend des proportions énormes. Je crois que j'aimerais le revoir mais j'ai été un peu gênée par la froideur de l'ensemble, et surtout une sensation d'être coupée des pensées des personnages, à de rares exceptions près on a peu de conversations franches, les choses sont peu dites... mais d'un autre côté on peut considérer que ça fait partie de l'ambiance du film (et il y a une scène à la fin qui fait un peu tout éclater), le spectateur se retrouve quasiment aussi oppressé que les personnages.
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Le Mécano de la Général : film de Clyde Bruckman et Buster Keaton, 1928.
Mon premier Buster Keaton, un film muet qui se présente comme une "comédie d'aventures" : pendant la Guerre de Sécession, un mécanicien amoureux de sa locomotive et de sa fiancée se lance à la poursuite des deux quand elles se font enlever. C'est donc assez dynamique et inventif, on a beaucoup d'acrobaties autour de la locomotive, et la maladresse de Buster Keaton ajoute une touche d'humanité comique à l'ensemble... c'est bien fait mais j'ai été un peu déçue de ne pas être plus touchée que ça, les gags m'ont finalement à peine fait sourire et j'aurais préféré que la course-poursuite proprement dite (qui occupe une grande partie du film) soit plus courte. Dommage.
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Les Invisibles : SORTIE CINE AUX CARMES, film documentaire de Sébastien Lifshitz, 2012.
Un documentaire dont je guettais la sortie à Orléans depuis sa sortie nationale (fin novembre 2012) alors j'ai foncé à la première séance ! (et ai été étonnée qu'on ne soit pas plus nombreux dans la salle, mais bon, c'était un soir en semaine). J'en suis sortie un peu déçue. Le documentaire dure 2h et s'il est globalement très intéressant et touchant de voir cette suite de témoignages de personnages âgées qui racontent comment elles ont vécu leur homosexualité au cours de leur vie, comment ils ont géré le regard pas forcément de la société sur eux etc. L'ensemble est assez optimiste et fait chaud au coeur. Le discours de ces personnes ne semblait pas vraiment "cadré" ce qui fait qu'elles s'expriment très librement en s'autorisant des digressions qui n'ont pas grand-chose à voir avec le sujet.
Au début j'ai trouvé cet aspect touchant, en effet au-delà de personnes homosexuelles on a avant tout devant nous des personnes tout court, qui n'ont pas forcément envie de parler uniquement de cet aspect de leur vie ! Mais il y a une scène vers la fin assez émouvante (ou agaçante si on est resté en retrait) où une femme évoque le souvenir de son père devant une gare, qui m'a parue déplacée, je peux comprendre que le réalisateur voulait stimuler l'empathie des spectateurs en intégrant cette scène au film... mais ça a si peu de rapport avec le reste, cette scène est si longue (enfin pas "si" longue, mais elle est assez pesante) et si intense qu'on se sent plutôt en position de voyeur indiscret, j'avais l'impression de manquer de respect à cette femme en assistant ainsi à sa détresse contre son gré - remarque stupide, on peut penser qu'elle était d'accord pour qu'on diffuse cette scène donc c'est plutôt contre mon gré, finalement ? Je ne sais pas vraiment comment exprimer cette sensation, mais cette scène m'a vraiment dérangée, et pas uniquement dans le bon sens du terme.
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Les Runaways : film de Floria Sigismondi, 2010.
Je ne connaissais pas ce groupe (de Joan Jett je ne connaissais que sa reprise de "I love rock'n'roll", donc ça a été une découverte plutôt sympathique et je ne peux pas juger si c'est proche de la réalité ou quoi... sachant que Joan Jette a produit le film, on peut surtout penser que c'est en accord avec l'image qu'elle veut donner de cette partie de sa vie.
J'aime bien Kristen Stewart (surtout quand elle ne joue pas dans Twilight), le visage angélique de Dakota Fanning ne m'est pas étranger sans m'être familier pour autant et est aussi un élément très agréable du film. Film qui n'est pas exempt de clichés, on a droit à la panoplie sex drugs and rock'n'roll, c'est sans doute pas très original mais l'ambiance m'a bien plu, j'ai trouvé ça très très fun et puis il faut admettre que c'est assez facile de me manipuler, dès qu'il y a une dimension lesbienne dans un film je perds une partie de mon objectivité et m'enflamme, ahah. Je ne le reverrai pas forcément (pas envie de compter des défauts que je n'aurais pas remarqués pendant mon premier visionnage un peu béat) mais j'ai passé un très bon moment !
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Mon Oncle : film de Jacques Tati, 1958.
Mon premier Tati. Je comprends bien en quoi le réalisateur a une "patte", on reconnaît pas exemple la tendresse pour ce qui est ancien, amusant et "non aseptisé" qu'a le héros de l'Ilusionniste (un film d'animation qui reprend un scénario écrit par Jacques Tati, où le héros, Monsieur Hulot est un avatar de Tati qu'on retrouve dans plusieurs de ses films). La satire de la vie conformiste et "moderne" des Arpel est super bien faite dans le sens où la caricature va très loin... le seul souci, c'est que je n'ai pas réussi à en rire tant ça m'a fait flipper.
C'est gros comme une maison (et quelle maison ! les décors sont géniaux, même si bien évidemment j'ai un faible pour la maison de l'oncle), très créatif, les personnages sont détestables à souhait (sauf l'Oncle et le gamin donc), mais je n'ai pas ri et ai finalement trouvé ça trop appuyé et angoissant, comme une version cauchemardesque des Choses de Georges Perec (et effectivement Tati cite Perec quand il parle de son film, il y avait pas mal de bonus qui semblaient intéressants dans mon DVD mais je n'ai pas pris le temps de tous les regarder).
Un peu le même souci qu'avec le Mécano de la Général de Buster Keaton : je comprends que c'est très bien fait, mais je ne suis pas tout à fait entrée dedans, faut croire que je n'étais pas d'humeur à rire cette semaine (à noter que j'ai quand même largement préféré Tati). La musique m'a beaucoup plu au début mais rapidement je l'ai trouvée trop répétitive et envahissante. Au final je ne sais pas trop que conclure de ce visionnage, d'un côté j'ai trouvé ça génial (rien que ça) et j'ai envie de voir d'autres films de Tati, de l'autre ce film m'a donné le cafard et comme il s'agit d'une comédie, je me dis que j'ai dû passer à côté de quelque chose, hum.
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Cléo de 5 à 7 : film d'Agnès Varda, 1962.
Mon premier Varda, une très bonne surprise ! Je crois que j'aime de plus en plus la Nouvelle Vague, il ne se passe pas grand-chose mais c'est beau (le noir et blanc, Paris, l'allure et le visage de Corinne Marchand, l'ambiance des rues, des cafés...), les dialogues sont savoureux et j'ai adoré le décalage entre la frivolité de l'héroïne, une chanteuse capricieuse relativement insupportable, et sa crainte de mourir, on a du mal à la prendre au sérieux au début mais finalement, au fil des conversations, on se dit qu'elle n'est peut-être pas aussi vaine que ça, puis je sais pas, on s'attache à elle, j'ai adoré la suivre en tout cas, surtout parce qu'elle fait (comme par hasard ahah) des rencontres bien intéressantes, j'aimerais bien en faire des comme ça en flânant moi.
Deux scènes sortent du lot et m'ont surprise parce que je ne m'attendais pas à les trouver dans un tel film, la scène musicale où ses musiciens - dont Michel Legrand en personne, en vérité je le connais assez peu mais il me suffit de savoir qu'il a fait la musique de Peau d'Âne pour avoir envie de le groupiter - se moquent gentiment d'elle avant de la faire chanter (et j'ai été étonnée de me sentir aussi émue par cette scène) ; et la scène où les personnages voient un film muet comique que j'ai trouvée délicieuse. En bref, je m'attendais à un film austère avec toujours le risque de finalement le trouver un peu chiant (même si j'aime les films chiants, c'est bien connu), et en fait je l'ai trouvé charmant, on est vraiment proche du coup de coeur !
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Mooladé : film d'Ousmane Sembene, 2005.
Immersion dans une culture complètement différente, on est très loin de Paris et la Nouvelle Vague pour le coup ; un des premiers films africains que j'aie l'occasion de voir aussi (probablement le premier d'ailleurs). Dans un village sénégalais, quatre petites filles viennent demander à une femme qui a refusé de faire exciser sa fille de les protéger pour leur éviter l'excision à elles aussi.
Au-delà de toute la tension liée à ce combat, on a aussi une évocation brute de la vie quotidienne de ces femmes, il y a des scènes "banales" qui m'ont choquée, du genre quand on voit que les femmes se courbent systématiquement dès qu'un homme arrive... ce n'est pas évident de regarder sans tout juger et interpréter avec notre point de vue occidental, mais c'est une expérience intéressante et ça vaut la peine d'essayer. Les personnages et le film prennent leur temps, cette lenteur m'a parfois légèrement dérangée. mais c'est tellement différent de tout ce que j'ai l'habitude de voir ! A revoir (à faire découvrir surtout), et puis j'ai été ravie par certaines scènes jouissives (un peu d'espoir en ce bas monde).
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Jamais le dimanche : film de Jules Dassin, 1960.
Mon premier film grec, que j'ai eu envie de regarder pour voir dans le contexte la chanson de Mélina Mercouri que j'aime beaucoup "les enfants du Pirée". Un philosophe américain à la recherche de la "vérité" cherche à éduquer et "sauver" une prostituée adorée dans son quartier, heureuse de sa vie et qui ne demandait rien à personne.
On peut reprocher au film sa superficialité, autant pour le côté "être pute c'est trop cool" que pour le côté "tu vas voir avec mes livres je vais te montrer un nouveau monde qui va t'ouvrir des horizons", ça reste assez simpliste ; mais je n'en tiens pas rigueur au réalisateur car le personnage d'Ilya est formidable et tout le film est très joyeux, la musique est super, j'ai donc préféré me laisser emporter par la gaieté de l'ensemble sans chercher vraiment plus loin !
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Jules et Jim : film de Français Truffaut, 1962.
Avec ce film, François Truffaut gagne mon admiration éternelle (il en avait déjà acquis une bonne part grâce à
Fahrenheit 451 et aux
400 coups). Une histoire d'amitié et d'amour qui se moque de la distribution ordinaire des rôles impartis aux personnages, de beaux acteurs masculins (et c'est moi qui dis ça !), la folie des personnages (mais aussi leur fantaisie, leur énergie et leur refus des conventions) est montrée sans hystérie mais au contraire avec flegme, classe et pureté, voix off et dialogue très littéraires, ça donne un cocktail singulier que personnellement, j'adore !!! Sans compter que c'est dans ce film qu'on entend la merveilleuse chanson "le tourbillon" alors rien que pour ça, je ne pouvais qu'être totalement conquise.
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Reviens-moi : film de Joe Wright, 2008.
J'ai lu Expiation de McEwann (dont ce film est une adaptation) l'été dernier et mon avis a été très mitigée : j'ai adoré la première partie du film, mais dès qu'il a été question de la guerre, j'ai complètement décroché et me suis énormément ennuyée, ai trouvé la suite niaise et sans intérêt, etc. J'avais peur d'être confrontée au même problème en regardant le film, mais heureusement la deuxième partie est mieux passée, même si j'ai aussi préféré la première, et de loin ! Le point fort du film, c'est son esthétique, beaux paysages, effets de lumières, personnages sublimés, la façon nous montrer en deux temps deux versions d'un même moment est très réussie, le réalisateur joue aussi pas mal avec le point de vue, on voit quelque chose puis on réalise qu'en fait ce n'est pas objectif mais on voit à travers les yeux d'un personnage... tout cet aspect est très agréable. Plus que dans le livre encore, j'ai apprécié cette remise en question de notre façon d'appréhender la réalité.
Mon intérêt a faibli après la première partie (comme quand j'ai lu le livre donc), mais pas au moins de me rendre indifférente à ce qui se passait, même si cette répétition mièvre des "reviens-moi" m'a bien saoulée, au point que ça m'a surprise d'être malgré tout plus émue que je ne m'attendais à l'être à la fin. Mieux que le livre, et cette histoire est rageante (dans le sens où on se dit "quel dommage, quel gâchis, si seulement...") donc interpelle un minimum le spectateur, difficile de ne plus y penser du tout après la fin, plutôt une bonne surprise donc (et ravie de voir Juno Temple dans ce film !) même si je reste convaincue qu'il aurait été bon de raccourcir encore plus la deuxième partie, et de moins insister sur le caractère romantico-niais de l'intrigue.
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To be or not to be : film d'Ernst Lubitsch, 1942.
Un film qui raille avec intelligence la machine nazie, c'est drôle, plein de rebondissements et de suspense, cocktail excellent, et savoir que ce film date de 1942 me fait encore plus faire whaouuuuuh. Les personnages nous montrent réellement ce que c'est que "jouer un rôle", et dans le genre "réécriture de la seconde guerre mondiale", ce film est mille fois supérieur à l'insupportable
Inglourious Basterds de Tarantino (réalisateur que j'aime beaucoup par ailleurs mais vraiment ce film, je peux plus).