FERIOJ ( journal culturel )

Je te mangerais

Jeudi 2 août 2012 à 18:16

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Je te mangerais, film réalisé par Sophie Laloy (2007) avec Judith Davis, Isild Le Besco, Johan Libéreau - Allociné / Sens Critique

Synopsis :  Marie quitte sa famille pour aller vivre à Lyon et y étudier le piano au conservatoire. Pour des raisons économiques, elle partage l'appartement d'Emma, une amie d'enfance, qui y vit seule depuis la mort de son père et la désertion de sa mère. 
Marie se soumet aux règles de vie imposées par sa colocataire, toujours plus oppressante. Emma la fascine, la domine, la bouleverse. Marie se débat entre son désir pour elle et son envie de lui échapper, puisant sa force dans l'amour pour le piano. 

Conseillé par V. qui pensait que ce film me plairait et elle a touché juste. Le côté "hystérique" reproché par certains spectateurs (d'après les critiques que j'ai lues) est précisément ce qui m'a plu, ça et le fait que Marie semble ne pas tout à fait savoir ce qu'elle veut au juste, elle repousse Emma mais pas à chaque fois, cela m'a paru beaucoup plus réaliste que si chacune des deux avait eu un comportement clair et cohérent du début à la fin (on sait bien que cela ne se passe pas comme ça).  

 Trouvé sur allociné : « Je te mangerais s'inspire de l'expérience personnelle de Sophie Laloy, qui, avant de devenir ingénieur du son pour le cinéma, se destinait à une carrière musicale. "Les premières grandes émotions de ma vie, je les ai ressenties alors que je jouais des morceaux de musique classique, explique la réalisatrice. J'ai donc intégré le Conservatoire de Lyon afin de devenir concertiste. Pendant ma première année d'étude, j'ai vécu en collocation avec une amie d'enfance, pour les mêmes raisons initiales que celles de Marie. Cette amie était propriétaire et avait le sens du concret qui me manquait, mais je me suis sentie oppressée par cette relation. De l'extérieur, nous apparaissions comme deux amies d'enfance plutôt liées, assez sages. Mais en réalité, c'est avec une grande lâcheté que je n'ai pas exprimé la violence du mal-être qui m'animait. Et moins je l'exprimais, plus c'était violent, puisque je créais mon propre malaise et que je me laissais dominer."
C'est avant tout ces sensations-là que la cinéaste a eu envie de raconter et de sublimer dans un récit : "Comment Marie peut-elle se laisser enfermer dans une relation de plus en plus malsaine ? Comment elle-même peut induire, par son comportement, cette relation malsaine ? En quoi la peur de l'une peut influencer le désir de domination de l'autre ? Il n'y a pas une méchante et une gentille, il y a une très jeune, un peu naïve, un peu lâche, un peu indolente, très malhabile, très séduisante et une plus mature, très seule, blessée, possessive, maladroite et amoureuse.» 

J'approuve le casting : Isild Le Besco (j'apprends qu'elle est la soeur de la réalisatrice Maiwenn) semble hautaine et sûre d'elle au premier abord mais plus on la connaît, plus on voit apparaître sa fragilité. Judith Davis est innocente et "normale" à souhait (je me comprends, je veux dire par là "pleine de vie, avec parfois les mêmes aspirations un peu frivoles que les jeunes filles de son âge, quand elle sort avec ses camarades de conservatoire par exemple) et Johan Libéreau est tout chou, je l'avais bien aimé dans Douches froides. Détail, ces temps-ci chez mes parents je subis souvent la série "En famille", et cela m'a amusée de reconnaître dans ce film l'une des protagonistes de cette série, Lucie Bourdeu, qui joue une des petites soeurs de Marie (et comme dans En famille son personnage s'appelle Chloé). 

L'Aurore

Jeudi 2 août 2012 à 11:51

L'Aurore. (Murnau, 1927)

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Du même réalisateur j'avais déjà vu Nosferatu qui m'avait globalement ennuyée même si j'avais apprécié l'ambiance générale, les apparitions du vampire et le regard de la jeune femme. L'Aurore est paraît-il parfois présenté comme "le plus beau film de l'histoire du cinéma" et il est le film n°1 du top 111 de Sens Critique (site sur lequel je passe ma vie en ce moment et que je ne saurais trop vous recommander, voyez mon profil pour exemple).

 

Au début je ne comprenais pas et j'avais du mal à me concentrer pour suivre, entrer dedans n'a pas été facile, on voit vaguement qu'une meuf brune aux yeux charbonneux (la "vamp", rapprochement hyper-facile avec le personnage de vampire) drague un fermier pourtant déjà marié avec une jolie petite blonde qui se morfond à la maison en s'occupant de leur gosse.
 

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J'ai eu l'impression que les 20 premières minutes (peut-être que j'exagère ?) il ne se passait que ça et j'ai eu un peu peur que tout le film suive ce rythme. Mais non ! Une fois le cadre planté, on assiste à la tentative de noyade avortée de la paysanne par son faible mari manipulé et à leur fuite en ville ; pendant un certain temps la femme va pleurer en mode "bouh tu as voulu me tuer !!" et le gars pareil ("bouh, qu'est-ce que j'ai fait !" - c'est un film muet mais c'est ce qu'on comprend très bien), mais ils finissent par se réconcilier (le truc complètement improbable ! mais c'est un film, et ils sont tellement mignons, c'est tellement chou de les voir roucouler - et rapidement fatigant de les voir se faire la gueule, il faut bien le dire - qu'au bout de 5 minutes ça paraît tout à fait normal) et on ne s'appesantit par sur cet aspect de l'histoire car on est bien trop occupé à les suivre dans leur découverte joyeuse de la ville ! La dernière partie du film est encore dans une autre tonalité, elle fait écho au début mais de manière inversée, et est très réussie j'étais complètement accrochée. Malgré mes réserves concernant le début, c'est donc à mes yeux (aussi) un excellent film ! A noter aussi que j'adore la bouille de l'actrice qui joue la femme du héros, Janet Gaynor, une beauté atypique qui me fait un petit peu penser à Christina Ricci si on devait faire une comparaison avec une actrice de nos jours.
 

Le Dictateur

Jeudi 2 août 2012 à 11:33

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Visionné le dernier jour de juillet : Le Dictateur. (Charlie Chaplin, 1940)

De Chaplin j'avais seulement vu (mais il faudrait que je les revoie) les Temps Modernes et le Kid. Que dire sur le Dictateur ? Charlie Chaplin joue deux personnages : Hynkel (= Hitler) et un barbier juif (allemand lui aussi, mais on ne parle jamais d'Allemagne, mais de Tomainie) devenu amnésique pendant la première Guerre Mondiale, et qui aura bien du mal à comprendre ce qu'on lui reproche quand il rentrera enfin chez lui.  La maladresse du barbier est touchante tandis que celle de Hynkel le ridiculise ; le quiproquo final mène à un discours très humain et poignant du barbier placé malgré lui sous les projecteurs. (texte du discours ici, vidéo en VO , en VF ). Merveilleux passage, et il y a quelques autres scènes que j'ai beaucoup beaucoup aimées, toutes celles où Hynkel s'énerve en yaourt, celles où le barbier se révolte contre la milice, celle où Hynkel joue avec une mappemonde gonflable. 

 

L'histoire d'amour ne m'a en revanche pas beaucoup convaincue et plusieurs fois je me suis demandée où ce film voulait en venir ; il est clair qu'il s'agissait de dénoncer le nazisme, et sachant qu'il est sorti en 1940 c'est super-courageux, mais ? pas d'argument pour étoffer mon propos mais il manque un truc pour m'empêcher de m'extasier à mort. Je regrette de n'avoir pas véritablement ri, voire de m'être un peu ennuyée parfois. Et puis ce qui me gêne, c'est peut-être que tout simplement, malgré cette évocation si claire du génocide des Juifs, je ne parviens pas à comprendre comment ça a pu arriver (remarque très naïve). Je ne doute pas qu'il s'agisse d'un "grand film" et la scène du discours déchire mais j'ai le sentiment d'être quand même un peu passée à côté, il me semble que j'avais préféré les deux autres films de Charlot que j'avais déjà eu l'occasion de voir.

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