FERIOJ ( journal culturel )

Watchmen

Dimanche 19 août 2012 à 23:47

Watchmen, film réalisé par Zack Snyder

Un film de super-héros qui détruit tous les préjugés qu’on pourrait avoir sur les super-héros  en questionnant les stéréotypes que ces personnages soulèvent : en réalité quel est leur rôle, pourquoi agissent-ils ainsi, sont-ils tous d’accord et si non, comment naissent leur divergences, existe-t-il une manière unique de rendre la justice, y-a-t-il des « bons » et des « mauvais » super-héros, leurs pouvoirs sont-ils légitimes, jusqu’où peuvent-il intervenir dans la marche du monde ? Les super-héros rencontrés dans ce film sont terriblement humains, ils ont les mêmes problèmes que nous, les mêmes défauts, et leur puissance par conséquent donne à leurs actes un impact qui peut être regrettable !
 
Le personnage le plus fascinant de la bande est bien entendu Rorschach, dégoûté des hommes, il reste malgré son cynisme un idéaliste qui refuse tout compromis ; cette position, qui m’a semblé honorable pendant la majeure partie du film, est sévèrement remise en cause à la fin : faut-il préférer la vérité, aussi dure et vaine soit-elle, à un mensonge a priori destructeur mais sauvegardant une relative paix, qu’est-ce qui est le plus juste ?
Bref, un film plus profond qu’il n’en a l’air, il ne s’agit pas de s’arrêter au premier aspect du film qui se présente comme un divertissement avec un mélange savant de scènes d’actions teintées de romantisme ; cet emballage censé plaire au plus grand nombre m’a d’ailleurs un peu saoulée à la longue, les scènes de sexe (et approchant) sont terriblement culcul, les scènes de baston un peu trop fréquentes et violentes à mon goût, même si j’admets que certaines présentent un intérêt esthétique indéniable, la mort du Comédien par exemple est très belle.

Je regrette d’avoir commencé à m’ennuyer un peu après la moitié du film, j’ai trouvé qu’on s’enlisait, que trop de moments prévisibles s’enchaînaient, j’ai beaucoup aimé comprendre le cadre de l’action, la personnalité des super-héros et les relations complexes qu’ils entretiennent au monde et entre eux, mais l’intrigue guerrière qui sert de toile de fond m’a au final semblé un peu trop faiblarde pour maintenir mon attention et mon enthousiasme ; malgré tous les éléments qui font de ce film un truc relativement intelligent, et en tout cas un film de super-héros pas du tout comme les autres, l’ensemble m’a un peu déçue et je me suis pas mal ennuyée. J’en garderai quand même un bon souvenir et je pense qu’il y a des chances pour que j’apprécie bien plus le comic.

Le Cri du Sablier

Dimanche 19 août 2012 à 23:45

 http://25.media.tumblr.com/tumblr_maudz2NeC61rpxoqlo1_400.jpgLe Cri du Sablier, de Chloé Delaume

Retour aux sources du personnage de fiction, traumatisme autobiographique du meurtre maternel et suicide paternel – et même avant, maltraitance de l’enfant jamais nommée, battue et perpétuellement humiliée. Bribes de souvenirs, d’avant et de la vie d’après l’assassinat, mutisme, adolescence, premières amours, toujours racontés par rapport à ce qui s’est passé le 30 juin, réinterprétés, souvent en contradiction avec ce qu’on voudrait lui faire dire – elle préfère « l’autopsy ».

J’ai retrouvé le grand style de Chloé Delaume, celui qui m’avait agrippée dans les Mouflettes d’Atropos, tournures inhabituelles intuitives qu’on ne comprend qu’à tâtons, musicalité, au point d’avoir un air dans la tête en lisant pendant le dernier tiers de l’ouvrage, rythme environ ternaire même si irrégulier le papa la maman l’enfant. Lisible cependant, peut-être car il faut simplement jouer le jeu, entrer dans la danse.

Je le relirai je pense. Tant de mots restent en suspens : corypher – clinamen – alexie – micacée – mitogène – vilanelle – hyalloïde – arénicole – livèche – lithotriteur – musoir – chancie – ichoreux – glyptique – édicule – sybarisme – grenu – endocarde – systole – rhyolithes – sanies – triscupide – rhizomes – khasmin – salicorne – paladin – ammophile – varlope – nécrose – scapulaire – épigone – clostridies – foutriquets – épigénie – éphélides… tous ces mots en tant d’autres donnent sa couleur au roman – mais cela n’est évidement pas qu’une question de vocabulaire, ceci n’est que le charme superficiel qui m’enchante. 

Elephant Man

Dimanche 19 août 2012 à 23:43

 Elephant Man, film réalisé par David Lynch

« L’homme-éléphant », bête de foire, réduit à l’esclavage, objet de terreur exploité pour de l’argent, moins considéré qu’un animal, toujours « montré » dans qu’on s’interroge sur ce qu’il ressent ou ce qu’il pense. Le chirurgien Frederic Treves va le prendre sous son aile, d’abord pour l’étudier comme un « cas ». J’ai eu la sensation que notre regard (id est celui du spectateur) suit son regard, la façon dont la caméra s’attarde ou évite le visage de John Merrick est révèle beaucoup la manière dont on le considère à tel ou tel moment ; et ce n’est qu’au fur et à mesure qu’on apprend à découvrir l’homme sous le corps difforme, tout en étant amené à se poser des questions sur notre propre regard. Treves se demande avec raison si son intérêt même pour John Merrick peut être innocent, si la façon même dont il le traite n’en fait pas une bête de foire d’un autre ordre.
 
 Il faudra du temps pour qu’on voie aussi John Merrick pour ce qu’il est, un homme, et dépasser l’effet que produit son apparence la première fois. A la fin pourtant, j’ai eu l’impression de le voir sans répulsion, sans plus être du tout choquée par les traits de son corps et de son visage qui font son « anormalité ». Cette ascension n’est pas linéaire ni sans rechute – si elle avait été dépeinte comme telle, cela aurait été un peu trop optimiste sûrement, or on n’oublie jamais que l’homme est cruel, puisque John Merrick sera à plusieurs reprises de nouveau tourmenté, même là on aurait pu penser qu’il était désormais tiré d’affaire.
 
 A cause du sort qui s’acharne contre lui, je retire une impression de très grande tristesse de ce film – et pourtant, en dénonçant l’inhumanité ordinaire dont on peut tous se rendre coupable envers ceux qu’on juge « monstrueux » (alors qu’en y réfléchissant le doigt qui moque l’est bien plus !), il nous touche et nous rend (peut-être ? en admettant qu’un film puisse avoir une telle influence sur notre comportement) plus tolérant et bienveillant envers autrui quel qu’il soit, handicapé, laid ou tout simplement différent de ce qu’on a l’habitude de voir et de considérer comme idéal. (conclusion de hippie à deux balles bonsoir !)

Les Grandes Espérances

Dimanche 19 août 2012 à 23:41

Great Expectations est un classique de la littérature anglaise ; ce roman retrace le destin de Pip, un orphelin recueilli par sa tante peu aimante (qui m’a d’ailleurs rappelée S.) et son mari Joe, forgeron, beaucoup plus affectueux (qui m’a fait penser à Alex) ; gamin pauvre a priori sans avenir, plusieurs hasards vont le conduire à nourrir de grande espérances suite ; appelé régulièrement auprès de Miss Havisham pour lui tenir compagnie, il rencontre à cette occasion sa fille adoptive, Estella, qu’il ne cessera jamais d’aimer. Mais Miss Havisham est une vieille femme aigrie par l’abandon de celui qui aurait dû devenir son mari, et la fière Estella est éduquée pour devenir un bourreau des cœurs.  
 
Ses espoirs redoublent lorsqu’il devient miraculeusement riche grâce à un mystérieux bienfaiteur. L’ascension sociale du héros apparaît d’abord comme une péripétie délicieuse car elle bouleverse toute l’intrigue du début et entraîne une foule de questions : grâce à qui Pip est-il devenu riche ? Pourquoi ce don ? Que va-t-il faire de cet argent ? Cette bonne fortune lui permettra-t-elle finalement d’acquérir les faveurs d’Estella ? Oubliera-t-il son ancien ami Joe ? On observe avec intérêt la métamorphose de Pip ; assez attachant quand il était un petit enfant à la situation pathétique, on le voit lier de nouvelles amitiés à Londres où il s’installe, et céder progressivement à l’ingratitude et à la frivolité, bien qu’il reste conscient de ses défauts - sans réussir à les surmonter véritablement. Ces éclairs de lucidité, accompagnés d’une bonne dose d’autodérision, évitent heureusement de le rendre antipathique.
Les réponses aux questions posées plus tôt ne sont pas si évidentes qu’on pourrait le croire, Dickens nous balade un peu, nous mène sur de fausses pistes, pour finalement revenir sur des évènements qui avaient pu paraître très anecdotiques mais revêtiront une importance inattendue.  En alliant des enjeux dramatiques assez forts en émotions et un ton toujours un peu léger qui refuse de prendre tout à fait au sérieux aucun des personnages et situations qu’ils traversent, l’auteur nous propose une histoire parfois assez haletante, et au style toujours savoureux. J’avais déjà lu Un conte de Noël et Oliver Twist de Dickens, deux œuvres qui m’avaient plu, mais bien moins que ces Grandes Espérances ; le regard de Pip, sa fantaisie m’ont vraiment séduite. 

Les 400 Coups

Dimanche 19 août 2012 à 23:40

 Les 400 coups, film réalisé par François Truffaut

 
Ce film de François Truffaut serait, d’après une présentation du film proposée sur le DVD, l’un des premiers de la « Nouvelle Vague » (mouvement qui me semble encore assez abstrait mais peut-être qu’un jour je saurai ce que c’est). Antoine est un adolescent de 13 ans en 1959 comme les autres au début du film mais qui se retrouve pris dans un engrenage infernal qui le conduira à devenir aux yeux de la société un « mineur délinquant » : punition, école buissonnière, mensonge, fugue… loin d’être moralisateur, ce film dénonce plutôt l’absurdité des sanctions et des règles édictées par un monde d’adultes peu compréhensif malgré la bonne volonté superficielle de ses parents.
Malgré une intrigue qui a tendance à devenir de plus en plus lourde et dramatique, le film est toujours parsemé de moments beaucoup plus positifs qui sont comme de réelles bouffées d’air :  la sortie au cinéma d’Antoine avec ses parents, son tour de manège, sa découverte de la mer… la scène du théâtre de marionnettes aussi est merveilleuse ! Son amitié avec René est mignonne aussi, et Paris donne envie de s’y balader. Le côté rétro des lieux et surtout du langage font aussi aujourd’hui une grande part du charme du film. Joyeux, émouvant, beau, j’ai aimé ce film parce qu’il est dépaysant-  le Paris et la gouaille des années 50 - mais va au-delà en étant juste et universel, puisqu’il est question, entre autres, des difficiles relations avec sa famille et le monde adulte quand on est enfant, et des conséquences désastreuses qui ne manquent pas de survenir quand on s’écarte de ce qui est défini comme le « droit chemin ». Sans manquer de tendresse ni de douceur, le film dénonce avec regret la rigidité désespérante du monde incapable de comprendre des aspirations de liberté pourtant innocentes et naturelles …
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