FERIOJ ( journal culturel )

Expiation

Dimanche 19 août 2012 à 23:55

 Expiation, de Ian McEwan

 
Dans la première partie du roman où l’on suit les pensées de Briony, écrivain en herbe. Son état d’esprit curieux et créatif donne envie de l’imiter, d’observer tout autour de nous et d’écrire. Ses prétentions ne peuvent tout à fait être prises au sérieux mais sont plutôt amusantes, sa naïveté est sensible, notamment dans le regard qu’elle porte sur les évènements dont elle est le témoin subjectif – différentes étapes d’une séduction adolescente, et enfin un drame qu’elle interprètera à sa façon ; la force du roman est de ne pas nous limiter à son point de vue, on aura ensuite en effet droit d’immiscer les pensées (sans jamais passer par la première personne du singulier, c’est pourquoi les variations de points de vue sont toujours faites de manière subtile, tout en étant de claires) de sa mère, et surtout de sa sœur Cécilia, dont la personnalité m’a beaucoup plu, plus mature que sa petite sœur, elle n’a cependant pas encore d’expérience et j’ai trouvé très intéressante la manière dont est traité son tiraillement entre son attirance et sa méfiance à l’égard de Robbie – et vis-à-vis d’elle-même. J’ai vraiment adoré toute la première partie, l’immersion du lecteur dans le monde des protagonistes est très réussie, tout comme la montée du drame jusqu’à son explosion !
La suite m’a beaucoup déçue. La seconde partie est centrée sur Robbie, au début de la seconde guerre mondiale, pendant la retraite des troupes anglaise vers Dunkerque. Bien que pouvant avoir un intérêt en soi, cette chronique de guerre m’a paru complètement déplacée après la première partie, c’est comme si tous les enjeux posés en première partie étaient subitement niés et que l’auteur partaient dans une direction complètement différente en délaissant toutes les fondations prometteuses du début ! J’ai même sauté des pages.
 
La partie suivante se passe aussi pendant la guerre mais revient sur Briony, qui est à présent apprentie infirmière. J’ai mieux aimé cette partie, pour le plaisir de retrouver sa personnalité (même si, vu les précédents évènements, on peut avoir un jugement très mitigé sur ce personnage désormais) et car il s’agit d’un témoignage assez prenant sur la manière dont elle a vécu ses débuts d’infirmière, confrontée à une vie rude de discipline et à l’horreur de la guerre par l’intermédiaire des blessées qu’elle est souvent impuissante à soulager.
 
Enfin, on semble de rattacher à la première partie et à l’aventure au cœur du roman quand Briony retrouve Cecilia et Robbie, mais ces retrouvailles terribles ne m’ont pas transportée autant que je l’espérais… enfin l’épilogue dans lequel la romancière revient sur son récit et nous parle de son présent (personnage aussi fictif) m’a paru bien trop long et achève de nous casser le rythme et de nous couper de ce qui m’avait vraiment accrochée au début du roman et que j’aurais aimé voir « mieux » exploité. Le début de ce roman, excellent à mes yeux, m’a fait penser que ce livre serait un énorme coup de cœur, hélas cela ne tient pas sur la longueur, je ressens ça quasiment comme un gâchis, mais tâcherai de garder en mémoire ce que j’ai préféré, à savoir la transcription sonnant très juste des pensées des deux héroïnes adolescentes et cet enchaînement féroce de détails et de jugements hâtifs et peu renseignés qui a eu des conséquences catastrophiques (ou comment l’innocence et les bonnes intentions peuvent paradoxalement mener au crime).

The Truman Show

Dimanche 19 août 2012 à 23:53

 Super-pitch, assez intelligemment développé même si la fin m’a laissée sur ma faim, j’aurais aimé voir l’après ! Truman a une vie banale qui a priori elle n’a rien d’extraordinaire ; cependant il est filmé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et ce depuis sa naissance : toute son existence est diffusée à la télé et captive des millions de téléspectateurs, faisant l’objet d’une gigantesque émission de télé-réalité. Et évidemment, il  n’est pas au courant : il vit sur une île qui est en réalité un énorme décor, et toutes les personnes qui l’entoure sont des acteurs, tout le scénario de sa vie est écrit à l’avance. Truman Burbank est piégé depuis toujours dans un immense mécanisme de manipulation dont il ne peut s’extraire car il n’en a même pas conscience.

 Je trouve cette idée assez énorme, aussi flippante que réjouissante en tant que synopsis de film ! L’intérêt du film est donc de nous présenter ce cadre ahurissant, mais aussi de suivre comment cet édifice vertigineux va vasciller quand Truman va commencer à soupçonner de quoi il retourne. Je déplore un peu la fin –cf ma critique au début de cet article – et n’ai pas trouvé énormément de charisme à l’ensemble des acteurs, mais sachant qu’on est censé voir des personnes « banales » et qui ne jouent pas, cela n’est pas plus mal.
 
 Je suis aussi perturbée par certains trucs qui me paraissent incohérents si on pousse la réflexion – comment Truman a-t-il pu rester isolé du reste du monde à l’heure d’Internet, comment expliquer que des acteurs aient pu accepter de « travailler à plein temps » en vivant aux côtés de Truman, et notamment sa femme (comment envisager leurs rapports intimes sachant qu’ils sont fondés sur le mensonge ?), comment Jalen a-t-elle pu s’introduire auprès de lui alors qu’elle n’en avait pas le droit et que tout est si contrôlé… etc ! mais je crois qu’il vaut mieux que je ne me prenne pas trop la tête afin de ne pas me gâcher le plaisir que j’ai eu à regarder ce film très original et assez innovant !

Jim Carrey est parfait pour ce rôle de mec « normal mais potentiellement paumé » et confirme qu’il peut être à l’aise en-dehors du rôle comique « lourd » qui à tendance à lui coller à la peau et dans lequel je ne l’apprécie pas plus que ça, je le préfère largement dans des films comme Eternal Sunshine of the spotless mind ou celui-ci. 

La vie est belle

Dimanche 19 août 2012 à 23:52

 La vie est belle, film réalisé par Franck Capra

Superbe éloge de la générosité et de la solidarité. L’histoire de George Bailey, un chic type qui ne pourra jamais réaliser ses rêves d’enfant mais finira par être récompensé quand il se retrouve au bord du gouffre. Scotchée par son parcours, dès l’enfance le hasard le conduit à exécuter deux bonnes actions capitales (il sauve son frère de la noyade et empêche un pharmacien d’empoisonner un enfant par mégarde) ; dès l’adolescence il ne rêve que d’une chose : quitter sa ville natale, Bedford Falls, pour voyager et construire de grandes choses ; mais suite à la mort brutale de son père, il doit reprendre l’entreprise familiale qui prête à la classe populaire de la ville les fonds nécessaires pour se loger et échapper au joug d’un notable de la ville, propriétaire abusif, Mr Potter.

Contrairement à ce dernier qui s’enrichit sur le malheur d’autrui, George Bailey agit avec éthique et philanthropie, au mépris de ses propres intérêts. Si son comportement est à bien des égards exemplaire, notre héros n’est cependant pas parfait ; parfois tenté par des compromis, il ne cesse de regretter de n’avoir pas pu mener la vie dont il rêvait et réagira avec violence quand une catastrophe lui tombera dessus ; afin que le pire soit évité, un ange gardien lui est envoyé. Pour le dissuader de se suicider, celui-ci lui montrera ce qu’il se serait passé s’il n’était pas né, situation extrêmement troublante qui lui permettra de relativiser ses problèmes (et relativise du même coup les nôtres quand on cherche à transposer cette situation à notre cas…).

Un film brillant, qui après des moments durs et réalistes assez désespérants, nous remonte le moral avec un final merveilleux de joie et d’optimisme :) 

Water

Dimanche 19 août 2012 à 23:50

Water, bande dessinée japonaise de Kiriko Nananan.

Ellipses, personnages esquissés, paumés, seulement des instants, des détails parfois, attention centrée sur des éléments de décor qui révèlent des choses de l’intériorité des personnages et ce qui se joue entre eux, tendresse, solitude, illusions et désespoir.

Pas si loin de Remember (d'un autre auteur mais je fais le rapprochement car je l'ai lu récemment) mais en plus dépouillé encore, manière de décrire l’ordinaire dans ce qu’il a de décevant, cathartique et poétique.

Remember

Dimanche 19 août 2012 à 23:48

 BD chinoise, de l'auteur Benjamin. Deux histoires + des dessins commentés et qq textes de l’auteur.
 
Particulièrement aimé les dessins, ravie que cela soit en couleurs d’autant plus que les couleurs sont très importantes, sont à la base de tout : pas de contours, mais beaucoup de nuances de couleurs froides, surtout BD d’ambiance, fonds et vêtements des personnages se confondent, impression général de flou mais au milieu de cette brume, des expressions justes, et qui participent à la captation de l’instant et donnent de la poésie à l’ensemble. Beaucoup de non-dits, histoires qui semblent inachevées mais ça fait partie du charme.
 
Apprécié le lyrisme de l’auteur, prend au sérieux ses propres sentiments qu’il n’hésite pas à exprimer d’une manière qui pourrait nous paraître grandiloquente, mais semble surtout sincère (son enthousiasme comme son désespoir)
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