Great Expectations est un classique de la littérature anglaise ; ce roman retrace le destin de Pip, un orphelin recueilli par sa tante peu aimante (qui m’a d’ailleurs rappelée S.) et son mari Joe, forgeron, beaucoup plus affectueux (qui m’a fait penser à Alex) ; gamin pauvre a priori sans avenir, plusieurs hasards vont le conduire à nourrir de grande espérances suite ; appelé régulièrement auprès de Miss Havisham pour lui tenir compagnie, il rencontre à cette occasion sa fille adoptive, Estella, qu’il ne cessera jamais d’aimer. Mais Miss Havisham est une vieille femme aigrie par l’abandon de celui qui aurait dû devenir son mari, et la fière Estella est éduquée pour devenir un bourreau des cœurs.  
 
Ses espoirs redoublent lorsqu’il devient miraculeusement riche grâce à un mystérieux bienfaiteur. L’ascension sociale du héros apparaît d’abord comme une péripétie délicieuse car elle bouleverse toute l’intrigue du début et entraîne une foule de questions : grâce à qui Pip est-il devenu riche ? Pourquoi ce don ? Que va-t-il faire de cet argent ? Cette bonne fortune lui permettra-t-elle finalement d’acquérir les faveurs d’Estella ? Oubliera-t-il son ancien ami Joe ? On observe avec intérêt la métamorphose de Pip ; assez attachant quand il était un petit enfant à la situation pathétique, on le voit lier de nouvelles amitiés à Londres où il s’installe, et céder progressivement à l’ingratitude et à la frivolité, bien qu’il reste conscient de ses défauts - sans réussir à les surmonter véritablement. Ces éclairs de lucidité, accompagnés d’une bonne dose d’autodérision, évitent heureusement de le rendre antipathique.
Les réponses aux questions posées plus tôt ne sont pas si évidentes qu’on pourrait le croire, Dickens nous balade un peu, nous mène sur de fausses pistes, pour finalement revenir sur des évènements qui avaient pu paraître très anecdotiques mais revêtiront une importance inattendue.  En alliant des enjeux dramatiques assez forts en émotions et un ton toujours un peu léger qui refuse de prendre tout à fait au sérieux aucun des personnages et situations qu’ils traversent, l’auteur nous propose une histoire parfois assez haletante, et au style toujours savoureux. J’avais déjà lu Un conte de Noël et Oliver Twist de Dickens, deux œuvres qui m’avaient plu, mais bien moins que ces Grandes Espérances ; le regard de Pip, sa fantaisie m’ont vraiment séduite.