Des nœuds d'acier, Sandrine Collette.
2013. Denoël, collection Sueurs Froides. 264 pages.
Je n'ai pas l'habitude de lire des romans à suspense, mais la quatrième de couv' de celui-ci m'a tentée (un homme qui sort tout juste de prison est kidnappé par deux vieux dans une forêt qui vont faire de lui leur esclave) et l'intrigue m'a bien accrochée !
La résignation de son compagnon d'infortune (qui survit dans cet enfer depuis déjà des années) fait froid dans le dos et laisse présager le pire pour la suite du destin du héros. On suit progressivement sa déshumanisation, à travers ses propres yeux, il se voit lui-même dépérir, renoncer - ses bourreaux l'appellent "le chien" et le traitent comme tel (chien terriblement maltraité). Le style est fluide, sans que cela signifie "mauvais", je n'ai pas été exaspérée par un tas de clichés.
Lecture rapide mais que j'ai cependant ponctuée de pauses nécessaires pour respirer, sortir de là, trop de désespoir, trop de dégoût par moments, mais toujours l'envie de connaître la suite, tout en ressentant une certaine colère envers l'auteur de nous infliger ça, d'infliger ça à son personnage. Je ne parlerai pas de la fin, que je n'avais pas devinée (ce qui est un bon point, mais elle est de toute façon moins intéressante que le reste, alors peu importe à la limite).
Roman très noir, mais prenant, et s'il est désespérant de songer que de telles atrocités ne se cantonnent pas à du romanesque horrifique mais arrivent aussi dans la réalité, d'un autre côté il est facile de tirer un message positif de tout cela : à côté de telles horreurs, n'importe laquelle de nos vies semble idyllique et c'est avec soulagement qu'on savoure ensuite pendant quelques minutes (ou plus longtemps pour les épicuriens ?) notre liberté et notre délicieuse vie de lecteur. Comme l'indique l'auteur dans une interview, quand on lui demande "Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?", elle répond "la certitude que la vie vaut d'être vécue, quelles qu'en soient les modalités et même si c'est parfois difficile à croire."
Quatrième de couverture :
Avril 2001. Dans la cave d'une ferme miteuse, au creux d'une vallée isolée couverte d'une forêt noire et dense, un homme est enchaîné. Il s'appelle Théo, il a quarante ans, il a été capturé par deux vieillards qui veulent faire de lui leur esclave. Comment Théo a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence? Il n'a pourtant rien d'une proie facile : athlétique et brutal, il sortait de prison quand ces deux vieux fous l'ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d'autres. Alors, allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d'eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d'échapper à ses geôliers. Mais qui pourrait sortir de ce huis clos sauvage d'où toute humanité a disparu ?
Présentation du livre par son auteur :