Un autre roman de la rentrée littéraire, et mon premier Ovaldé. L'histoire d'une jeune femme écrivain qui apprend à gagner sa liberté, Au début du roman, Maria Cristina a une trentaine d'années et c'est progressivement qu'on va découvrir son parcours.
Après avoir vécu une enfance et adolescence à Lapérouse, bourgade canadienne arriérée, de plus dans un cadre familial peu épanouissant - père relativement absent et une mère bigote, dingo et castratrice qui la fait culpabiliser suite à un accident survenu à sa soeur.
Elle finit par s'évader de ce milieu étouffant en partant faire ses études en Californie où sa colocataire va l'aider à se dévergonder, et où elle va surtout devenir la secrétaire particulière d'un écrivain imbu de lui-même, Rafael Claramunt, qui va devenir son mentor et amant.
Le roman s'articule autour de ces diverses influences, comment elles vont la façonner, et comment elle va réussir à s'affranchir de tout cela, parfois d'une manière inattendue. ll ne se passe pas grand-chose au final, mais je me suis beaucoup identifiée à l'héroïne, et j'ai trouvé tout un tas de passages très justes et plutôt drôles (sur la peur de l'avion par exemple !).
On voit bien que Maria Cristina a été une adolescente et jeune femme malléable, sensible, pas très douée pour la vie en société, et ses difficultés sont décrites sans complaisance, mais toujours avec humanité et avec une auto-dérision sympathique, ce qui m'a aidée à me sentir proche d'elle. J'ai été complètement séduite par le style et cette découverte conforte mon envie de lire les autres romans du même auteur.
Extraits :
"Elle achète une barquette de fraises - qui ressemblent à des personnages de dessin animé, il ne leur manque que la parole. Les fraises ne sont pas pour elle. Pour rien au monde elle ne mangerait de ces fruits contre nature. Elle les apporte à Claramunt qui aime tout ce qui est artificiel."
"Au moment où elle embarque elle a retrouvé un peu de sérénité malgré sa peur de voler, et le fait qu'elle va tenter, pendant tout le voyage, d'empêcher l'avion de s'écraser rien qu'avec la force de sa volonté." (p. 39)
"(...) Maria Cristina a toujours détesté que les prénoms veuillent dire quelque chose, les choses sont des choses, les gens sont des gens." (p. 47)
"Pour s'endormir Maria Cristina projetait son propre enterrement et imaginait le regret qu'on aurait d'elle.
Et quand elle regardait le calendrier elle songeait qu'elle passait chaque année, insouciante, la date anniversaire de sa future mort, cette date funeste qui marquerait sa fin, cette date qu'elle vivait à chaque fois dans l'ignorance. Et l'importance de ce 27 février ou de ce 30 avril ou de ce 15 juillet dans sa propre trajectoire la laissait pantelante. N'était-il pas surprenant qu'aucun petit signe de lui révélât le caractère crucial que cette date revêtirait pour elle ? Tout n'était-il donc que fortuité et hasard ?"(p. 75)
(voir aussi p. 165, 168, 206-207)
Après avoir vécu une enfance et adolescence à Lapérouse, bourgade canadienne arriérée, de plus dans un cadre familial peu épanouissant - père relativement absent et une mère bigote, dingo et castratrice qui la fait culpabiliser suite à un accident survenu à sa soeur.
Elle finit par s'évader de ce milieu étouffant en partant faire ses études en Californie où sa colocataire va l'aider à se dévergonder, et où elle va surtout devenir la secrétaire particulière d'un écrivain imbu de lui-même, Rafael Claramunt, qui va devenir son mentor et amant.
Le roman s'articule autour de ces diverses influences, comment elles vont la façonner, et comment elle va réussir à s'affranchir de tout cela, parfois d'une manière inattendue. ll ne se passe pas grand-chose au final, mais je me suis beaucoup identifiée à l'héroïne, et j'ai trouvé tout un tas de passages très justes et plutôt drôles (sur la peur de l'avion par exemple !).
On voit bien que Maria Cristina a été une adolescente et jeune femme malléable, sensible, pas très douée pour la vie en société, et ses difficultés sont décrites sans complaisance, mais toujours avec humanité et avec une auto-dérision sympathique, ce qui m'a aidée à me sentir proche d'elle. J'ai été complètement séduite par le style et cette découverte conforte mon envie de lire les autres romans du même auteur.
Extraits :
"Elle achète une barquette de fraises - qui ressemblent à des personnages de dessin animé, il ne leur manque que la parole. Les fraises ne sont pas pour elle. Pour rien au monde elle ne mangerait de ces fruits contre nature. Elle les apporte à Claramunt qui aime tout ce qui est artificiel."
"Au moment où elle embarque elle a retrouvé un peu de sérénité malgré sa peur de voler, et le fait qu'elle va tenter, pendant tout le voyage, d'empêcher l'avion de s'écraser rien qu'avec la force de sa volonté." (p. 39)
"(...) Maria Cristina a toujours détesté que les prénoms veuillent dire quelque chose, les choses sont des choses, les gens sont des gens." (p. 47)
"Pour s'endormir Maria Cristina projetait son propre enterrement et imaginait le regret qu'on aurait d'elle.
Et quand elle regardait le calendrier elle songeait qu'elle passait chaque année, insouciante, la date anniversaire de sa future mort, cette date funeste qui marquerait sa fin, cette date qu'elle vivait à chaque fois dans l'ignorance. Et l'importance de ce 27 février ou de ce 30 avril ou de ce 15 juillet dans sa propre trajectoire la laissait pantelante. N'était-il pas surprenant qu'aucun petit signe de lui révélât le caractère crucial que cette date revêtirait pour elle ? Tout n'était-il donc que fortuité et hasard ?"(p. 75)
(voir aussi p. 165, 168, 206-207)