Qui n'a jamais pensé "pfff j'en ai marre de ma vie, j'ai envie de tout plaquer ?". Lulu l'a fait.
Lulu femme nue : une bande dessinée en deux tomes d'Etienne Davodeau, Futuropolis, 2009-2010 (environ 150 pages au total), illustrations en couleur. Le premier livre fait partie des "Essentiels d'Angoulême" 2009. Une édition intégrale sort le 9 janvier.
Quatrième de couverture : Lulu, mère de famille de quarante ans, sans histoire, a disparu depuis plus de deux semaines, abandonnant mari et enfants à ses amis désemparés. L'un d'eux, Xavier, a retrouvé sa trace. En une nuit, il entreprend de raconter aux autres ce qu'a vécu Lulu pendant cet étrange voyage : Lulu a quitté sa vie normale en sortant d'un énième entretien d'embauche.Elle n'avait rien prémédité. Ça s'est passé très simplement. Elle est partie avec une femme dont elle ne connaissait rien, et s'est octroyé quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que de savourer pleinement, et sans culpabilité, cette vacance inédite.Presque surprise par sa propre audace, Lulu rencontre de drôles de gens, qui sont, d'une façon ou d'une autre, eux aussi au bord du monde.Grisante, joyeuse, dangereuse et cruelle, l'expérience improvisée de Lulu en fera une autre femme.
Une belle réussite ! On part d'un réalisme un peu ennuyeux/tristounet (la vie de Lulu avant son escapade, en gros, une vie terne à laquelle pas mal de monde peut s'identifier, je pense) et grâce à cette petite étincelle de vie qui remet tout en question, on est entraîné vers... on ne sait pas trop quoi, justement. Quand le récit commence, on sait que l'aventure est finie, ou presque, puisqu'elle est racontée par un ami de Lulu - qui passera ensuite le relais à la fille aînée de Lulu, qui elle aussi en sait plus que le reste de son entourage qui est très inquiet et surpris de la "disparition" volontaire et fort étrange de l'héroïne. Il y a donc un certain suspense, et à un moment donné, on est même un peu baladé vers une fausse piste.... ou alors c'est moi qui avais mal compris mais dans ce cas tant mieux, cela a rendu la lecture plus prenante encore de penser QUE... et en fait non (mais je ne vais pas développer pour ne pas spoiler, cela serait dommage).
Les dessins ne sont pas extrêmement jolis, même si les décors - les plages notamment - sont très agréables. Je devrais dire les choses autrement : par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir, les personnages ne sont pas très jolis. Et en fait c'est une qualité, une bonne chose de ne pas avoir cherché à rendre "glamour" des personnages ou une histoire qui ne le sont pas ! Cela rend le tout plus crédible et universel je trouve. Certaines péripéties tombent un peu "à plat" d'ailleurs, l'intrigue peut prendre parfois une tournure très alléchante et par amour de l'action on espère qu'on va continuer dans cette direction romanesque... et en fait pas forcément, parce que dans la vie les choses ne se passent pas comme prévu ni comme on veut.
Confier la narration à des personnages externes - même s'ils sont proches de l'héroïne - est intéressant car cela donne du rythme et, comme je l'ai dit, un certain suspense, comme le récit se fait progressivement. Je regrette un petit peu qu'on ne partage pas plus les pensées de Lulu, du coup, une fois la bande dessinée terminée je me demande encore ce qu'elle a ressenti plus précisément à tel ou tel moment, et surtout, comment les choses vont se poursuivre ensuite... ces quelques réserves m'empêchent de considérer cette BD comme un gros coup de coeur, mais ça a été vraiment une très bonne lecture, et qui, je pense, peut plaire à un large public, je vous la recommande donc !
Je pense que j'irai voir l'adaptation cinématographique qui sort le 22 janvier, avec Karin Viard dans le rôle principal, parce que je suis curieuse de voir une autre version de Lulu femme nue, et aussi parce que j'ai beaucoup aimé les deux autres films réalisés par Solveig Anspach que j'ai eus l'occasion de voir, Back Soon (mon avis ici) et Queen of Montreuil !
Le blog tenu par Etienne Davodeau pendant la réalisation de la BD
Le blog du film