Ils sont mariés depuis des années, s'aiment toujours mais ne font quasiment plus que se croiser : Paul est un chirurgien très occupé, Lucie s'ennuie et meuble ses journées en jardinant. Le grain de sable dans leur engrenage apparaît sous la forme de mystérieux bouquets de roses rouges envoyés à Paul, à son travail, et chez lui, alors qu'il ne cesse justement de recroiser une jeune serveuse qui l'avait abordée... il la soupçonne d'être à l'origine de ce harcèlement mais se lie bientôt avec elle, malgré ou peut-être justement à cause de ce soupçon... il est flatté, et Lou est si jolie et différente de son milieu qu'elle ne peut que le fasciner. Est-il parano, ou est-elle mythomane ? que se passe-t-il vraiment entre eux ? Va-t-il finalement tromper sa femme, et si oui, leur couple va-t-il s'effondrer, et leur vie si bien rôdée exploser ?
L'étalage de la richesse des protagonistes et de son mode de vie hyper-normé est indigeste et cliché au possible. Les quelques personnages secondaires qui gravitent autour d'eux esquissent des intrigues secondaires auxquelles il est difficile de s'intéresser car elles sont extrêmement prévisibles. J'ai aussi été déçue par l'aspect exagérément mélo du film au bout d'un certain temps, la scène avec la patiente dont la famille a été déportée m'a plus agacée qu'émue, ça sonne faux, récité, ça crève les yeux que cette scène n'est là que pour être LA scène touchante du film, trop facile... de même, charger le personnage de Lou d'une telle tonne de problèmes était-il vraiment nécessaire ? Et qui dire de la fin... beaucoup trop de défauts donc, et même si le film évite quelques écueils qui l'empêchent d'être complètement banal (en voyant la bande-annonce je m'attendais à une très simple histoire d'adultère, alors que le film ne peut totalement être réduit à ça, il y a un minimum de suspense notamment), l'ensemble est un peu branlant et finalement peu convaincant !
Je me suis quand même prise au jeu au début, avant que la tonne de défauts du film ne fasse s'évaporer mon enthousiasme... j'ai admiré la beauté de Leila Bekhti et de Kristin Scott Thomas, et sans être extraordinaire, Daniel Auteuil campe ici avec bonhomie le type riche et un peu à côté de la plaque dont la vie dérape ; s'il n'était pas aussi exaspérant, on le trouverait presque sympathique. Pas complètement à jeter (un dimanche soir à la télé ? mais on peut trouver mieux à faire !) mais vraiment dispensable.
Un autre roman de la rentrée littéraire, et mon premier Ovaldé. L'histoire d'une jeune femme écrivain qui apprend à gagner sa liberté, Au début du roman, Maria Cristina a une trentaine d'années et c'est progressivement qu'on va découvrir son parcours.
Après avoir vécu une enfance et adolescence à Lapérouse, bourgade canadienne arriérée, de plus dans un cadre familial peu épanouissant - père relativement absent et une mère bigote, dingo et castratrice qui la fait culpabiliser suite à un accident survenu à sa soeur.
Elle finit par s'évader de ce milieu étouffant en partant faire ses études en Californie où sa colocataire va l'aider à se dévergonder, et où elle va surtout devenir la secrétaire particulière d'un écrivain imbu de lui-même, Rafael Claramunt, qui va devenir son mentor et amant.
Le roman s'articule autour de ces diverses influences, comment elles vont la façonner, et comment elle va réussir à s'affranchir de tout cela, parfois d'une manière inattendue. ll ne se passe pas grand-chose au final, mais je me suis beaucoup identifiée à l'héroïne, et j'ai trouvé tout un tas de passages très justes et plutôt drôles (sur la peur de l'avion par exemple !).
On voit bien que Maria Cristina a été une adolescente et jeune femme malléable, sensible, pas très douée pour la vie en société, et ses difficultés sont décrites sans complaisance, mais toujours avec humanité et avec une auto-dérision sympathique, ce qui m'a aidée à me sentir proche d'elle. J'ai été complètement séduite par le style et cette découverte conforte mon envie de lire les autres romans du même auteur.
Extraits :
"Elle achète une barquette de fraises - qui ressemblent à des personnages de dessin animé, il ne leur manque que la parole. Les fraises ne sont pas pour elle. Pour rien au monde elle ne mangerait de ces fruits contre nature. Elle les apporte à Claramunt qui aime tout ce qui est artificiel."
"Au moment où elle embarque elle a retrouvé un peu de sérénité malgré sa peur de voler, et le fait qu'elle va tenter, pendant tout le voyage, d'empêcher l'avion de s'écraser rien qu'avec la force de sa volonté." (p. 39)
"(...) Maria Cristina a toujours détesté que les prénoms veuillent dire quelque chose, les choses sont des choses, les gens sont des gens." (p. 47)
"Pour s'endormir Maria Cristina projetait son propre enterrement et imaginait le regret qu'on aurait d'elle.
Et quand elle regardait le calendrier elle songeait qu'elle passait chaque année, insouciante, la date anniversaire de sa future mort, cette date funeste qui marquerait sa fin, cette date qu'elle vivait à chaque fois dans l'ignorance. Et l'importance de ce 27 février ou de ce 30 avril ou de ce 15 juillet dans sa propre trajectoire la laissait pantelante. N'était-il pas surprenant qu'aucun petit signe de lui révélât le caractère crucial que cette date revêtirait pour elle ? Tout n'était-il donc que fortuité et hasard ?"(p. 75) (voir aussi p. 165, 168, 206-207)
Résumé :Ometepe est la plus grande île lacustre au monde et se trouve sur le lac Cocibolca, au Nicaragua. Ometepe est un de ces endroits dont la beauté a inspiré poètes et écrivains, et où la frontière entre le réel et l’imaginaire ne semble plus exister. Ses deux volcans rappellent les seins fermes d’une jeune fille. De ses eaux surgissent des femmes sublimes qui se transforment soudain en anguilles. Des lutins se promènent souvent dans ses rues, sans que personne ne soit effrayé… Javier de Isusi réunit dans ce livre six contes inspirés de légendes indiennes et de vieilles histoires qui vivent encore dans la mémoire des habitants de l’île.
Une atmosphère réussie, chaque histoire est assez simple et courte, mais cependant assez poétique et touchante, une belle immersion dans un univers aux résonances mythologiques, se lit vite et bien. Je n'avais jamais entendu parler de cette île et de ces légendes, ça change un peu et l'univers graphique (aquarelle aux couleurs automnales) est aussi assez original et réussi. Pas assez étoffé pour devenir un coup de coeur, mais un bon moment.
Projection de 9 courts-métrages d'animation au théâtre d'Orléans le 15 octobre 2013, soirée organisée par l'APAC.
Séance à retrouver dans d'autres lieux à d'autres dates, plus d'infos ICI
2013 / France / 6 minutes / éléments découpés / Les Décadrés Production
On dit que dans le royaume, une bête vient vous manger au moment où on ne s'y attend pas. Alors toutes les idées sont bonnes pour ne jamais oublier, mais pourtant...
Ce film a bénéficié d'un soutien à la production de Ciclic-Région Centre en partenariat avec le CNC. Le tournage s'est déroulé dans le cadre de la résidence d'animation de Château-Renault.
Mon avis : j'aime beaucoup l'idée de départ, le relief des éléments découpés, la dénonciation de l'absurdité d'un désir excessif de sécurité qui devient plus dangereux que le risque lui-même... un poil répétitif et trop insistant (se justifie peut-être si on considère que ce court-métrage s'adresse aussi à un jeune public ?), mais fait sourire.
2012 / Etats-Unis / 13 minutes / dessin sur papier / Daniel Sousa
Un chasseur solitaire trouve un enfant sauvage au milieu des bois et le ramène à la civilisation. Etranger à son nouvel environnement, le garçon essaie de s'adapter en usant des mêmes stratégies que celles qui lui servaient dans la forêt.
Mon avis : graphisme impressionnant, un peu trop long, on tourne un peu en rond à mon goût au bout d'un moment... mais poétique et donc réussi si on entre dedans.
2012 / Belgique, Pays-Bas, France / 17 minutes / marionnettes / Polaris Film Productions, Beast Animation, Vivement Lundi !
A la mort de sa mère, Willy retourne dans la communauté de naturistes où il a grandi. Mélancolique face à ses souvenirs, Willy décide de fuir dans la nature où il trouve la protection maternelle d'une grosse bête velue.
Mon avis : du volume comme j'aime, j'adore les textures "poilues", effet "peluche", et assez dérangeant, n'hésite pas à aller assez loin dans le dégueu et l'étonnant, c'est justifié par l'émotion de l'histoire, une histoire à la fois de déchéance et de retour aux sources, j'adhère.
Enroulée dans son futon, une femme se met à rêver. Elle imagine le futur en même temps que des sensations passées et des souvenirs impérissables lui reviennent. Tout cela se mélange agréablement.
Mon avis : délirant, y'a pas vraiment d'histoire, seulement des morceaux de corps, de nourriture qui s'assemblent, se transforment... orgasme visuel, quand je vois des choses belles et inventives comme ça, c'est comme si on me faisait un massage des yeux, c'est à la fois jouissif et reposant, peut-être le court-métrage que j'ai préféré pendant cette soirée au final !
2012 / France, Canada, Suisse / 14 minutes / dessin sur papier, ordinateur 2D / Folimage Studio, Foliascope, ONF, Nadasdy Film
Chine, an 746, dynastie Tang. A cette époque, le pays connaît sa période la plus prospère. L'empereur Li est un grand amateur de femmes, d'art et de musique. Il possède de nombreuses concubines. Sa préférée s'appelle Yang. Alors qu'un grand banquet se prépare en son honneur, l'empereur, pris dans une partie de Go, l'oublie.
Ce film a bénéficié d'un soutien à la production de Ciclic-Région Centre en partenariat avec le CNC. Le tournage s'est déroulé du 2 mai au 19 août 2011 dans le cadre de la résidence d'animation de Château-Renault.
Mon avis : je n'accrochais pas vraiment à l'esthétisme ni à l'intrigue, jusqu'à ce qu'on arrive à la scène de fantasme / masturbation qui est très belle et remonte le tout.
2012 / France, République Tchèque / 7 minutes / ordinateur 2D / Sacrebleu Productions, Negativ Films Productions
C'est le train-train quotidien pour la conductrice du tram. Comme chaque matin, les hommes embarquent pour aller au travail, un par un, tous les mêmes, silencieux, gris, indifférents. Pourtant, bientôt, au gré des secousses et des vibrations de la route, au rythme des tickets introduits dans le composteur, la conductrice s'émoustille et le véhicule s'érotise.
Mon avis : j'avais déjà vu ce court-métrage il y a quelques mois à la télé, à l'époque je n'avais pas vraiment aimé, la première réaction c'est vraiment un gros WHAT THE FUCK ahah. Mais en le revoyant je l'ai trouvé vraiment drôle et réussi finalement, et entendre parler la productrice de son projet, Sexpériences ; ce court est en effet le premier d'une collection de quinze courts sur la sexualité, le désir féminin, on a vu des illustrations extraites des futurs autres films et le tout donne envie, donc j'espère que tout ça verra le jour !
De rêveries en méditations, un homme est pris soudain d'un vertige lorsqu'il cherche à saisir le sens du monde. Dans son petit ici, il veut trouver la clé donnant accès aux mystères du grand ailleurs.
Mon avis : vraiment dense et riche, y'a trop de trucs et j'étais trop fatiguée quand le tour de ce court est arrivé pour pouvoir l'apprécier vraiment comme il le mérite, je voudrais vraiment le revoir pour tout saisir, mais même sans tout comprendre il y a des passages qui sont vraiment impressionnants, ne serait-ce que l'horloge qui explose à un moment donné... poétique, philosophique, du noir et blanc poudré avec des textures de malade, si le fond n'est pas forcément super-accessible au premier visionnage, esthétiquement je trouve ça assez génial !!
Le souffle d'une joggeuse, une fourmilière éventrée, une flaque, des tartines abandonnées sur un banc, un écureuil, des bribes de vie nous emmènent marcher autour du lac avec les mots et la musique.
Mon avis : clip loufoque, très déjanté, un peu trop hystérique et criard à mon goût par moments, mais quand même assez foufou dans le bon sens du terme, même si c'est pas forcément très subtil.
MA CONCLUSION DE LA SOIREE :
une programmation vraiment variée et originale, des procédés d'animations et thématiques qui sortent de l'ordinaire, créatif et étrange à souhait, très bonne soirée pour moi, à 4,50 la place cette soirée est un chouette cadeau pour les yeux ! =)
Résumé :Mister Bud est un chien heureux. Il a sa maison à lui, son lit à lui, ses jouets à lui… Mais surtout, il a ses horaires à lui. Et pas question d’y déroger ! Chaque journée suit à la minute près le même rituel : réveil, petit gâteau, promenade, sieste, changement de position et re-sieste, démonstration de joie au retour du maître, film-canapé puis coucher. La vie rêvée, quoi. Mais un soir, à l’heure de la démonstration de joie, la porte s’ouvre sur un inconnu. « Dis bonjour à Zorro, s’entend intimer Mister Bud. Vous allez être amis ! » Tu parles, Charles ! La cohabitation commence très mal. Jusqu’à ce que les deux rivaux découvrent un truc incroyable : ils ont les mêmes horaires ! Ah, mais ça change tout…
A première vue l'histoire est super simple, on voit venir l'issue à dix kilomètres, le quotidien d'un chien et sa difficulté à accepter un nouveau compagnon, jusqu'à ce qu'il se rende compte que leurs habitude s'accordent... cependant les dessins sont craquants, et le ton est humoristique sans être bêbête, ça donne un album très mignon et drôle qu'on a envie de raconter. Cela ne sera peut-être pas si facile que ça, car il faudra réussir à faire distinguer à l'oral la voix du narrateur et la voix du personnage humain qui s'adresse aux chiens (et dit notamment "dis bonjour à Zorro !"), mais ça me semble un bon exercice donc j'ai bien envie de tenter, la prochaine fois que je raconterai une histoire à des mouflets.